Ce passage est un des plus beaux passages sur la christologie du Nouveau Testament. J'en ai retiré 10 vérités.
L’image est quelque chose qui ressemble ou représente autre chose. C’est le même mot (eikōn) qui est utilisé pour parler du portrait ou de l’effigie de César sur les pièces de monnaie (Mt 22.20). En Genèse 1.26-28, l’homme est créé à l’image de Dieu. Mais cette image a été déformée (et non perdue) à la chute. En Christ, l’homme est renouvelé à l’image de Dieu (2Co 3.18), en conformité avec Christ, qui est l’image parfaite de Dieu (2Co 4.4).
En somme, on ressemble à Dieu en ressemblant à Christ. Christ est celui par qui Dieu se révèle. Personne n’a vu Dieu, mais Jésus nous le fait connaitre (Jn 1.18; Hé 1.3). En lui, l’invisible est devenu visible. De fait, pour mieux connaitre Dieu, nous voulons mieux connaitre Christ. Aussi, à ceux qui veulent connaitre Dieu, nous voulons leur présenter Christ.
Certains, comme les Témoins de Jéhovah (ou déjà Arius au IVᵉ siècle), avancent que ce verset est la preuve que Christ est un être créé et que, par conséquent, il n’est pas Dieu.
Mais il faut noter plusieurs choses:
Paul précise bien que Christ a tout créé, y compris les trônes et les seigneuries, les principats et les autorités. Ces quatre noms détaillent le monde invisible et font référence à des êtres spirituels (Ép 1.21; 2P 2.10; 1Co 15.24).
Dans un contexte où les faux enseignants portaient une attention et une portée excessives aux anges (Col 2.18), Paul rappelle que Christ les a créés (Col 1.16), qu’il en est le chef (Col 2.10) et qu’il les a vaincus à la croix (Col 2.15).
Dans notre contexte, nous rappeler que tout a été créé par Christ nous garde de l’idolâtrie. L’homme est prompt à remplacer l’adoration du Créateur par l’adoration de la création. Cela nous pousse aussi à la reconnaissance: tout nous vient de lui (1Tm 6.17).
Après avoir dit que Christ est le début de la création, par qui tout a été créé, Paul souligne maintenant que Christ est aussi la fin de la création, pour qui tout a été créé. Ailleurs, Paul souligne que Dieu a voulu tout réunir sous Christ (Ép 1.10). Tout ce qui a été créé est pour Christ et donc tout lui doit allégeance. C’est pour Christ que nous avons été créés, c’est à lui que nous devons adoration.
Jésus-Christ est celui qui maintient toute chose en existence. L’auteur de l’épître aux Hébreux nous dit qu’il “soutient toutes choses par sa parole puissante” (Hé 1.3). Christ ne s’est pas retiré de la Création après l’avoir créée (passé) ou n’attend pas le moment où tout sera réconcilié en lui (futur), mais il agit dans le présent, en maintenant toute chose. Si le monde continue de tourner, c’est grâce à l’œuvre présente de Christ. Christ maintient toute chose. Il est souverain sur absolument toute la création. Cela devrait nous encourager de savoir que rien ne lui échappe et que tout ce qui arrive a été voulu par lui.
Paul parle de l’Église comme le corps de Christ ailleurs dans la lettre (Col 1.24; 2.19; 3.15). Le commentateur Bruce note que la conception de l’Église comme corps de Christ nous aide à comprendre comment Paul peut parler des croyants comme étant en Christ, mais également de Christ comme étant en eux. De son côté, Moo note que dans le monde ancien, la tête était conçue comme étant le membre qui gouvernait tout le corps, à la fois en le contrôlant et en fournissant le nécessaire à sa vie et son développement […] Contre ceux qui enseignaient que l’expérience spirituelle ultime devait être trouvée en plus du Christ, Paul affirme que Christ est la seule vraie source de vie pour le corps.
La deuxième partie (18b-20) parle de Christ comme étant l’agent de la rédemption, ou de la nouvelle création. Christ est ici présenté comme le chef de cette nouvelle création, dont font partie tous les croyants (2Co 5.17).
Le texte nous dit qu’il est "le commencement" (grec. archē), ici, il y a une idée temporelle. Comme au verset 15, l’expression "premier-né" marque surement la prééminence (comme le confirme la fin du verset: “afin d’être en tout le premier”), mais l’idée de priorité temporelle est aussi présente.
Dans l’Ancien Testament, la résurrection d’entre les morts annonce la venue eschatologique du royaume de Dieu (Dn 12.1-2; Éz 37). En 1 Corinthiens 15.20, il est les prémices (grec. aparchē), celui qui initie et annonce la résurrection eschatologique (de la fin des temps). Sa résurrection annonce celle de tous ceux qui le suivent (Ac 26.23; Mt 27.52-53).
Cette prééminence affirme aussi que Christ est le maitre de la Création qu’il a créée et qu’il veut réconcilier par la croix.
La plénitude dont il est question est la plénitude de Dieu (voir Col 2.9). On pourrait aussi traduire par “Dieu dans toute sa plénitude a choisi d’habiter en Christ”.
Le théologien Moo explique que l’on peut facilement imaginer, compte tenu du reste de la lettre, que les faux enseignants à Colosses invitaient les chrétiens à faire l’expérience d’une véritable plénitude en suivant leur philosophie (Col 2.8) et leurs règles (Col 2.16-23); ce à quoi Paul répond: “La plénitude que vous recherchez ne se trouve qu’en Christ.”
Tout ce que nous pouvons connaitre et expérimenter de Dieu est en Christ. Il est suffisant, et rien ni personne ne doit lui être ajouté.
L’idée de réconciliation exprime qu’on a perdu la qualité d’une relation. Dans la première partie (15-17), nous avons vu que Christ règne sur tout ce qu’il a créé. Mais quelque part, cette souveraineté a été déréglée, et tout n’est pas soumis au Créateur tel que cela devrait être. Il y a donc un besoin de réconciliation.
Douglas Moo note que dans les autres passages du Nouveau Testament (Ép 2.16; 2Co 5.18; Rm 5.11), l’idée de réconciliation fait référence à la restauration de la relation entre Dieu et les pécheurs.
Mais la portée de cette réconciliation est cosmique. Comme en Romains 8.18-25, l’efficacité de la rédemption s’étend à toute la création. Les effets du péché sont cosmiques (il a affecté la création en entier et la terre attend aussi sa libération), de même les effets de la rédemption sont cosmiques. Paul ne parle pas ici "d’universalisme" (l’idée que tous les êtres humains seront sauvés), mais de "l’universalité" de la restauration cosmique: toute la création est au bénéfice de la réconciliation en Christ.
Moo déclare également que par l’œuvre de Christ à la croix, Dieu a ramené toute sa création rebelle sous le règne de sa puissance souveraine. Christ règne déjà sur tout, même si nous ne le voyons pas encore totalement (Hé 2.8).
La croix est le centre de la prédication chrétienne. Le message de l’Évangile s’articule autour de la mort et de la résurrection de Christ. Cet évènement historique est le plus important de toute l’histoire de l’humanité.
En Romains 5.1-2 nous lisons:
Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ; c’est à lui que nous devons d’avoir eu [par la foi] accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu.
La paix dont parle Paul dans ces deux passages n’est pas une paix subjective, mais objective. Ce n’est pas une paix que l’on sent, mais que l’on sait. Cette paix est certaine et inébranlable. Elle ne dépend pas de ce que je fais, mais de ce que Christ a fait. Christ a fait la paix par le sang de la croix. Il a payé le prix que je devais payer, et je suis pardonné (voir Col 1.14).
Article publié pour la première fois le 10 décembre 2018. Remis en avant par la Rédaction le 28 août 2024 pour atteindre une nouvelle génération de lecteur.
webinaire
1h pour comprendre Colossiens
Dans ce webinaire de la série 1h pour comprendre un livre biblique enregistré le 19 février 2019, Frédéric Bican t’invite à (re)découvrir l’épître aux Colossiens. Alors, laisse-toi surprendre par la cohérence, la profondeur et la richesse de la Parole de Dieu. L’objectif, c’est que tu puisses comprendre l’ensemble pour mieux vivre l’essentiel.
Orateurs
F. Bican