Prédications TPSG

Grand pardon, grande passion (Luc 7.36-50)

Foi et repentancePardonPrédication

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Publié le

16 mars 2024

Comment comprendre cette parole de Jésus à propos de la femme pécheresse: “Ses nombreux péchés sont pardonnés, puisqu’elle a beaucoup aimé” (Luc 7.47)? Dans cette prédication, je tente de répondre à cette question en nous replongeant dans le contexte de ce repas, chez Simon le pharisien, qui ne s’est pas déroulé comme prévu.

Transcription de la prédication

Cette transcription a été générée automatiquement, n’hésitez pas à nous signaler toute erreur ou incohérence qui auraient pu nous échapper.

L'une des réalités quotidiennes que vivent les jeunes parents –et je ne suis plus un jeune parent, mes enfants ont 14, 16 et 18 ans– mais l'une des réalités quotidiennes que vivent les jeunes parents parmi vous, j'imagine, c'est l'interruption presque systématique de leur repas par toutes sortes de situations plus intéressantes les unes que les autres, grâce à leurs petits. Alors, quand notre aîné se déplaçait à quatre pattes –ou dans son cas, c'était plutôt à trois pattes et demi, on a revu des vidéos récemment, mais c'est un autre sujet– il nous arrivait parfois, à Laura et moi, de tenter de vivre un repas ininterrompu. On le faisait manger au début du repas rapidement, puis on le relocalisait dans son espace de jeu avec ses jouets, ses camions, ses livres en plastique, tout le nécessaire à son bonheur et à notre quiétude, pour nous permettre de manger tranquillement à notre tour.

En général, ça marchait pendant à peu près 5 minutes, puis il venait nous rejoindre avec sa fameuse technique de marche à trois pattes et demi, et nous, on craquait à chaque fois. Évidemment, on le prenait dans nos bras, et on poursuivait le repas comme ça. Alors, plus compliqué pour échanger. Si ce genre d'interruption de vos repas est parfois un petit test pour votre patience, surtout quand vous êtes en pleine conversation, eh bien, consolez-vous en vous rappelant que Jésus a connu bien des interruptions lors de ses repas, et certaines de ces interruptions étaient beaucoup moins faciles à gérer que les nôtres. Les évangiles nous décrivent bien des repas qui tournent au vinaigre, et ce n'est pas parce que la salade est trop assaisonnée. C'est le cas en Luc 7.36 à 50.

Dans le passage juste avant le passage précédent, Jésus affirme en Luc 7.34, que ses contemporains l'accusent à tort de manger et de boire avec des gens non recommandables et d'être l'ami des païens, des collecteurs de taxes et des pêcheurs. Eh bien, notre texte de ce matin est l'un des exemples qui a donné lieu à une telle accusation.

Alors, je vous invite à assister à ce repas, un grand banquet organisé par Simon le pharisien, auquel va se présenter une femme qui, elle, n'avait pas reçu d'invitation.

Lisons Luc 7.36 à 50:

Un des pharisiens pria Jésus de manger avec lui. Jésus entra dans la maison du pharisien et se mit à table. Et voici qu'une femme pécheresse, qui était dans la ville, sut qu'il était à table dans la maison du pharisien. Elle apporta un vase d'albâtre plein de parfum et se tint derrière à ses pieds. Elle pleurait et se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus, puis elle les essuyait avec ses cheveux, les embrassait et répandait sur eux du parfum.

À cette vue, le pharisien qui l'avait invité dit en lui-même: "Si cet homme était prophète, il saurait qui est la femme qui le touche et ce qu'elle est, une pécheresse." Jésus prit la parole et lui dit: "Simon, j'ai quelque chose à te dire." "Maître, parle", répondit-il. Un créancier avait deux débiteurs: l'un devait 500 deniers et l'autre 50. Comme il n'avait pas de quoi payer, il leur fit grâce de leur dette à tous deux. Lequel l'aimera le plus?

Simon répondit: "Celui, je suppose, à qui il a fait grâce de la plus grosse somme." Jésus lui dit: "Tu as bien jugé." Puis il se tourna vers la femme et dit à Simon: "Vois-tu cette femme? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as pas donné d'eau pour mes pieds. Elle, elle a mouillé mes pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas donné de baiser. Elle, depuis que je suis entré, elle n'a cessé de me baiser les pieds. Tu n'as pas répandu d'huile sur ma tête. Elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. C'est pourquoi je te le dis, ses nombreux péchés sont pardonnés, puisqu'elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on pardonne peu aime peu.

Et il dit à la femme: "Tes péchés sont pardonnés. Ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes: 'Qui est celui-ci qui pardonne même les péchés?' Mais il dit à la femme: "Ta foi t'a sauvée. Va en paix."

Luc 7.36 à 50

Prions.

Père céleste, parle-nous par ce texte. Merci pour ces événements édifiants, ces paroles de Jésus. Qu'elles puissent nous transformer ce matin, en son nom. Amen.

I. L’histoire

Alors, j'aimerais d'abord revoir avec vous l'histoire en trois parties. Puis, on aura une application également en trois parties. Donc, d'abord, l'histoire en trois parties.

A. Un banquet qui tourne au scandale (v. 36-39)

Dans les versets 36 à 39, c'est un pharisien qui est l'organisateur du banquet. Au verset 40, on apprendra qu'il s'appelle Simon, donc Simon le pharisien. Il invite Jésus à se joindre à lui et à ses convives lors de ce banquet.

Dès le départ, il faut faire attention. Ne soyons pas trop sévères à l'endroit de Simon simplement parce qu'il est un pharisien. Rien dans le texte n'indique qu'il a de mauvaises intentions à la base ou qu'il veut piéger Jésus de quelque façon. En fait, Simon fait preuve d'un certain respect pour Jésus qu'il appellera "maître" au verset 40. Donc, il reconnaît que Jésus est un enseignant, un maître digne de ce nom.

Néanmoins, Simon a encore beaucoup de choses à apprendre, à comprendre, comme on le verra. Tout le monde est à table, mais pas assis sur des chaises comme dans nos maisons lors des banquets. On s'allongeait sur le côté, sur le plancher ou sur des divans bas, les pieds éloignés de la table, orientés vers l'extérieur du cercle.

Et dès le verset 37, ce repas paisible est interrompu. Les 5 minutes de tranquillité sont déjà passées. Une femme pécheresse, bien connue dans la ville pour sa vie dissolue, qui a appris que Jésus était chez Simon, prend son courage à deux mains et elle fait son entrée.

Elle n'a pas les mains vides, ce qui ne veut pas dire qu'elle apporte le dessert, mais elle apporte un vase rempli d'un parfum de grand prix. Cette femme est une pécheresse. C'est l'étiquette qui permet de l'identifier. Pourtant, la nature de son péché, connu de tous, n'est pas mentionnée dans le texte. Il s'agit peut-être d'une femme prostituée, peut-être d'une femme adultère. Impossible de le savoir. Étant donné la position allongée des convives, les pieds de Jésus lui sont accessibles.

Au verset 38, elle se tient à ses pieds. De toute évidence, cette femme connaît déjà Jésus. Elle a su qu'il était chez Simon, et elle s'est invitée au banquet. Ça prend beaucoup de courage pour faire ça. Elle n'est pas la bienvenue. Sa réputation, sa mauvaise réputation, la précède partout. Mais sa rencontre précédente avec Jésus, que la suite du texte rendra évidente, l'a convaincue de le revoir à tout prix. Et là, elle est juste à côté de Jésus, et l'émotion la saisit. Elle ne peut la contenir. Elle se met à pleurer. Le verbe utilisé fait parfois référence à des averses abondantes. Elle n'a pas seulement la larme à l'œil, mais elle pleure à chaudes larmes. Pourquoi?

La suite du récit va démontrer qu'il s'agit des larmes d'une pécheresse pardonnée. Elle est saisie à la fois par la profondeur de son péché et par la grandeur du pardon qui lui est accessible en Jésus. Elle est transportée par l'occasion qui lui est donnée d'honorer publiquement Jésus. Sa tristesse et sa joie se mêlent dans ce débordement de bonheur que seuls les pécheurs pardonnés connaissent. Elle se met à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus, puis elle les essuie avec ses cheveux, elle les embrasse, elle répand sur ses pieds du parfum.

Le temps des verbes dans le texte original souligne la durée de ces actions. Elle prend le temps de mouiller de ses larmes les pieds de Jésus, elle prend le temps de les essuyer avec ses cheveux, elle prend le temps de les embrasser, elle prend le temps de verser sur eux du parfum de grand prix. Autant de gestes de respect et d'affection par lesquels elle tient à honorer Jésus.

Le commentateur suisse Godet du 19e siècle résume admirablement la scène quand il écrit ceci:

L'entrée de la pécheresse dans une telle société, dans un tel groupe, était un grand acte de courage, car elle pouvait s'attendre à être ignominieusement renvoyée. L'élan d'une reconnaissance sans borne pour un bienfait inappréciable qu'elle avait reçu du Seigneur peut seul expliquer sa démarche.

Le verset 42 montre quel était ce bienfait. C'était le pardon de ses nombreux et affreux péchés. Était-ce à l'écoute d'une prédication de Jésus ou dans un entretien particulier avec lui, ou par l'un de ses regards de Jésus qui était pour les cœurs brisés comme un rayon du ciel? Elle avait reçu de lui la bonne nouvelle du pardon divin, et le parfum qu'elle apportait était le symbole de son ardente reconnaissance pour ce don ineffable. Fin de citation.

Voilà de quoi nous toucher, mais Simon, lui, est plus dégoûté que touché.

Au verset 39, des airs d'indignation apparaissent sur son visage. Il a du mal à tolérer la vue, à regarder ce qui se passe. Il est scandalisé. Du coup, son opinion sur Jésus prend forme. Jésus n'est certainement pas prophète, puisque de toute évidence, il ignore que cette femme est une pécheresse. S'il avait su, il n'aurait pas laissé cette femme le toucher. En effet, en raison de ses nombreuses fautes morales, cette femme est sans doute considérée impure. C'est du moins ce qui semble alimenter le raisonnement de Simon dans cette situation. Mais en réalité, Jésus en sait bien plus que Simon ne croit. Et en passant, comme on le verra, Jésus est bien plus qu'un prophète, il est aussi un prophète. Et Luc insiste là-dessus plus que les trois autres évangélistes. Oui, Jésus est un prophète, mais il est plus qu'un prophète. Son autorité dépasse celle des prophètes, comme la suite le révélera.

B. Une parabole qui explique la scène (v. 40-47)

Dans les versets 40 à 47, je le redis, Jésus en sait plus que Simon ne croit. Au verset 40, on lit même dans le texte original que Jésus répond à Simon. La Bible du Semeur a raison de traduire: "Jésus lui répondit à haute voix." Imaginez que vous êtes à table avec des amis et que tout à coup, quelqu'un répond, non pas à ce que vous venez de dire, mais à ce que vous venez de penser. Waouh, ça fait peur. Par exemple, vous prenez une bouchée, et là, vous vous dites intérieurement: "Mais pourquoi il a mis des épinards dans sa recette? Ça gâche tout." Puis la seconde suivante, le cuisinier vous regarde et il s'exclame: "Effectivement, j'ai considéré ne pas en mettre. J'y ai pensé, mais je me suis dit qu'un peu d'épinard ça pourrait te faire du bien. C'est riche en fer." Alors, oui, c'est très malaisant, ce genre de situation, mais Jésus n'a pas peur des grands malaises à table. Il répond donc aux pensées de Simon, ce que les prophètes étaient normalement incapables de faire. Et sa réponse est provocante. Jésus ne met pas de gant blanc dans les faits.

La parabole est assez simple, mais comme c'est souvent le cas avec les paraboles de Jésus, elle contient un élément qui déstabilise les auditeurs.

Au verset 41, un créancier, donc un prêteur, avait deux débiteurs, donc deux hommes qui lui devaient de l'argent. L'un devait 500 deniers et l'autre 50. Alors, un denier, c'est à peu près le salaire d'une journée pour un ouvrier agricole en langage moderne. L'un devait l'équivalent d'à peu près 1 an et 3/4 de salaire, l'autre devait l'équivalent d'à peu près 2 mois de salaire.

L'élément déstabilisant apparaît au verset 42. Comme il n'avait pas de quoi payer, il leur fit grâce de leurs dettes à tous deux. Cadeau, dette effacée. Et ça, c'est un peu choquant, c'est étonnant. En général, les créanciers, les prêteurs, ne faisaient pas grâce des dettes. Ils exigeaient le paiement des dettes jusqu'au bout, comme aujourd'hui d'ailleurs. C'est un peu comme si votre banquier vous téléphonait et vous disait: "Je sais bien qu'il te reste 20 ans de paiement à faire sur ta maison, mais les temps sont durs, les taux d'intérêt sont élevés, la Banque du Canada n'a pas encore abaissé son taux directeur. Alors, pour te donner un petit coup de pouce, pour te simplifier la vie, je viens d'annuler ton hypothèque et d'effacer ta dette. Donc, la maison t'appartient dans sa totalité. Tu ne dois plus un seul dollar à la banque."

Alors, c'est le genre de coup de fil que l'on peut rêver de recevoir, mais que très peu reçoivent. D'ailleurs, si vous l'avez reçu, je serais intéressé par les coordonnées de votre banquier à la sortie tout à l'heure. C'est inimaginable, mais la situation de la parabole l'est tout autant.

Au verset 42, Jésus termine la parabole par une question: "Des deux débiteurs, lequel aimera le plus le créancier?" La réponse est évidente, mais Simon a du mal à l'admettre.

Au verset 43, Simon répondit: "Celui, je suppose, auquel il a fait grâce de la plus grosse somme." Jésus lui dit: "Tu as bien jugé." Mais ne loupons pas la touche d'ironie dans cette situation. Ce jour-là, Simon a très mal jugé à peu près toutes les situations et toutes les personnes impliquées. Il a mal jugé la femme et les gestes qu'elle a posés. Il a mal jugé Jésus. Le seul élément que Simon a bien jugé, c'est celui qui est noté au verset 43: "Lequel des deux débiteurs aimera le plus le créancier?" Réponse: "Celui auquel il a fait grâce de la plus grosse somme." Bien jugé, bravo Simon, tu as bien répondu au quiz de Jésus, 10/10, super. Ah oui, mais un instant. Si j'ai raison, ça implique quoi exactement? Et c'est comme si Simon venait lui-même de déclencher le piège qui va se refermer sur lui.

Poursuivons. En quoi cette parabole explique-t-elle la scène qui vient de se dérouler au verset 44? Puis, il [Jésus] se tourna vers la femme et dit à Simon, je ne sais pas si cela vous arrive parfois de fixer une personne et de parler à une autre en même temps. Alors, les jeunes enfants font signe que oui. On peut imaginer toutes sortes de situations où cela se produit, mais ici, Jésus n'est pas comparable à un parent multitâche qui surveillerait un enfant tout en demandant à l'autre de finir son assiette, par exemple, ou à une enseignante au primaire qui regarderait un élève dans le blanc des yeux tout en disant à un autre élève: "Viens me voir immédiatement."

Ce n'est pas exactement ce qui est en train de se produire ici. Jésus fait deux choses simultanément, certes, mais les deux sont liées, connectées. Il se tourne vers la femme parce qu'il veut attirer les regards vers elle et les gestes qu'elle vient de poser, mais il parle à Simon parce que c'est lui qui a besoin de se réveiller dans cette situation. “Vois-tu cette femme?” Vois-tu cette femme que Jésus est en train de regarder? Jésus le force à la regarder, même si, il y a quelques instants, les yeux de Simon avaient du mal à tolérer la scène. Jésus poursuit:

44Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as pas donné d'eau pour mes pieds, comme les règles d'hospitalité de l'époque l'exigeaient. Mais elle, elle a mouillé mes pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. 45tu ne m'as pas donné de baiser, mais elle, depuis que je suis entré, elle n'a pas cessé de me baiser les pieds. Tu ne m'as pas répandu d'huile sur la tête

Luc 7.44-45

et une simple huile parfumée, qui coûtait bien moins cher, aurait suffi, euh, par rapport au parfum de Grand Prix apporté par la femme. Mais elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds.

Qu'est-ce que Jésus est en train de dire ici? “Simon, tu ne m'as même pas accueilli chaleureusement, selon les coutumes que l'on réserve à ses bons amis et surtout à ses invités.” Dans cette société ancienne axée sur l'honneur et la honte, dans laquelle il était insultant de mal recevoir ses invités, surtout quand il s'agissait de personnes importantes. “Tu t'es contenté de me recevoir froidement et de me tenir à distance. Tu as fait encore moins que le strict minimum, Simon!” Je transpose à notre culture. Comment mal recevoir un invité de marque aujourd'hui, qui serait aussi une personne envers qui on éprouve une grande affection? “Tu ne m'as pas salué quand je suis arrivé chez toi. Tu ne m'as pas serré la main, ou fait la bise, ou donné un hug” selon le cas, selon la personne. Peut-être tu ne m'as pas débarrassé de mon gros manteau d'hiver. Tu ne m'as pas invité à m'asseoir pour échanger avec toi avant le repas. Tu ne m'as pas offert quelque chose à boire. Et c'est plus qu'une question de politesse. Simon est en train de rater complètement ce qui se déroule sous ses yeux et de louper la véritable leçon de Jésus. Mais elle, elle a tout fait pour honorer Jésus. Quel contraste entre le pharisien et la femme.

Au verset 47: "C'est pourquoi je te le dis, ses nombreux péchés sont pardonnés, puisqu'elle a beaucoup aimé. Ses nombreux péchés sont pardonnés." Waouh, Jésus est vraiment plus qu'un prophète. Il possède l'autorité de pardonner les péchés, c'est-à-dire l'autorité de Dieu lui-même. Dieu seul peut pardonner les péchés, d'après l'Ancien Testament, et pourtant, Jésus pardonne. Conclusion: Jésus est divin. Il est Dieu. Ce n'est pas la première fois que les lecteurs de Luc font ce constat.

En Luc 5.24, Jésus avait déclaré: "Le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés." Et pour démontrer visiblement qu'il avait cette autorité, il a guéri l'homme paralysé qui était devant lui. Les lecteurs de Luc ne sont donc pas surpris de voir à nouveau cette autorité de Jésus se manifester.

Pourtant, il y a un élément nouveau au verset 47. Le verset pourrait même être mal compris, mal interprété. Bon, les mots "c'est pourquoi" font référence à l'ensemble de la parabole et de son explication. Ayant dit tout cela, ses nombreux péchés sont pardonnés, puisqu'elle a beaucoup aimé. Et le mot qui pourrait porter à confusion, et c'est parfois le cas au verset 47, c'est le petit mot "puisqu'elle".

Dans la proposition "puisqu'elle a beaucoup aimé", certains y voient un indicateur de la raison du pardon. Ses péchés sont pardonnés en raison de son grand amour. Autrement dit, ce serait son grand amour qui lui aurait valu d'être pardonnée. Elle aurait mérité son pardon en aimant beaucoup. Mais en français, comme en grec, le mot "puisqu'elle" n'introduit pas nécessairement la raison de ce qui précède. Donc, là, ça va demander un tout petit peu de concentration. Parfois, le mot "puisqu'elle" introduit le résultat de ce qui précède. C'est peut-être plus facile avec un exemple. Si je dis: "Il a neigé, puisque les trottoirs sont blancs." Bon, ce n'est pas le cas, mais je passe de la cause à l'effet. Il a neigé, c'est la cause. Puisque les trottoirs sont blancs, c'est l'effet. C'est ce qu'on a ici. Ses nombreux péchés sont pardonnés, c'est la cause. Puisqu'elle a beaucoup aimé, c'est l'effet. Autrement dit, parce qu'elle avait déjà été pardonnée, elle a beaucoup aimé. La traduction de la Bible du Semeur est utile:

Ses nombreux péchés lui ont été pardonnés, c'est pour cela qu'elle m'a témoigné tant d'amour.

Et c'est effectivement l'idée.

Si vous n'aimez pas les exercices de logique, les raisonnements de cause à effet, pardon de vous embêter avec ça ce matin. Mais ne vous cassez plus la tête, parce que la fin du verset 47 clarifie le tout: "Mais celui à qui l'on pardonne peu aime peu." Encore une fois, de cause à effet. Pardonne peu à qui l'on pardonne peu, cause. Aime peu, effet. Celui qui pardonne peu à qui l'on pardonne peu aime peu, dans le sens suivant, bien rendu encore une fois par la Bible du Semeur:

Celui qui a peu de choses à se faire pardonner ne manifeste que peu d'amour. Celui à qui l'on pardonne peu aime peu.

Ce que Jésus affirme au verset 47, c'est que celui à qui l'on pardonne beaucoup aime beaucoup, et que celui à qui l'on pardonne peu aime peu. Il s'agit du pardon de Dieu. Le créancier, le prêteur, de la parabole représente Dieu. Simon se reconnaît maintenant. La parabole, contrairement à la femme, il n'a que peu à se faire pardonner, à ses yeux. C'est pourquoi il n'a que peu aimé Jésus. Simon est le débiteur qui ne devait que 50 deniers et qui est donc moins reconnaissant que la femme qui, elle, devait 500 deniers. Vous vous dites peut-être: "Mais attends, est-ce qu'on peut blâmer le gars qui a commis moins de péchés que cette femme pécheresse?" Bonne question. Le problème, ce n'est pas le nombre de péchés commis, ni même le type de péché commis. Ce qui fait cruellement défaut à Simon, c'est un profond sentiment de péché. Il se croit moralement supérieur, ce qui démontre son aveuglement spirituel.

Il n'a pas l'impression d'avoir besoin d'un grand pardon parce qu'il n'a pas l'impression d'être un grand pécheur, mais il se trompe. Il se trompe.

C. Une déclaration qui rassure la pécheresse repentante (v. 48-50)

L'histoire se termine par une déclaration qui rassure la pécheresse repentante dans les versets 48 à 50. On peut imaginer le trouble et l'insécurité de la femme qui se retrouve ici au cœur d'une controverse. Déjà, elle avait pris son courage à deux mains pour se rendre au banquet, mais elle ne s'attendait certainement pas à devenir le point de mire d'une telle théologique. Face à Simon et aux convives indignés, elle a besoin que Jésus la réconforte, et c'est ce qu'il fait.

Au verset 48, il dit à la femme: "Tes péchés sont pardonnés." Cette déclaration ne signifie pas que ses péchés n'étaient pas déjà pardonnés. Le temps du verbe dans l'original grec décrit l'état de cette femme. Elle se trouve dans l'état d'une femme pleinement pardonnée.

D'ailleurs, la parabole des versets 40 à 42 démontre que le pardon divin lui a déjà été accordé. Ce qui l'amène à démontrer, c'est le résultat, à démontrer son amour pour Jésus. Elle avait déjà rencontré Jésus auparavant et goûté à son pardon. Jésus lui avait déjà remis sa dette, c'est ce qui a stimulé son amour. Mais même si elle est déjà pardonnée, elle a besoin d'être rassurée, un peu comme nous parfois, n'est-ce pas? Es-tu pardonné? Es-tu sauvé de tes péchés et du jugement de Dieu qui ont attiré toutes tes fautes? Oui! Est-ce que tu en es sûr? Euh, oui, je pense... Est-ce que tu te sens pardonné? Ben, pas toujours... Présentement, peut-être pas...

Heureusement, heureusement que le pardon de Jésus ne dépend pas de nos sentiments et qu'il ne varie pas au gré des fluctuations de nos états d'âme.

Au verset 49, ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes: "Qui est celui-ci qui pardonne même les péchés?" Comme c'était déjà arrivé dans l'Évangile de Luc, Jésus s'est attribué donc une autorité réservée à Dieu seul, celle de pardonner les péchés, et ça ne fait pas l'affaire de tout le monde. Au verset 50, mais il dit à la femme: "Ta foi t'a sauvée, va en paix." Voilà qui illumine toute confusion possible quant au moyen par lequel cette femme a été sauvée. C'est par la foi, par le moyen de la foi, qu'elle a été sauvée. Jésus le dit clairement. Son amour s'est manifesté après son entrée dans le salut par la foi. La foi, c'est la confiance, ici la confiance en Jésus. Elle s'est confiée en lui pour le pardon de ses fautes, elle a mis sa foi en Jésus, c'est-à-dire qu'elle s'est confiée dans l'autorité, dans la puissance, dans l'amour, dans la bonté de Jésus. Sa foi est toute simple et sans doute bien imparfaite, mais cette confiance est orientée vers le bon objet, Jésus, c'est l'objet de la foi, et non son intensité qui fait toute la différence. Et combien les trois derniers mots de notre histoire sont précieux: "Va en paix." Ce n'est pas simplement une petite formule de politesse ou de salutation, bye-bye, non, c'est beaucoup plus profond que ça. Cette femme peut passer d'une vie d'exclusion à une vie dans la paix de Dieu, et c'est le concept de Shalom dans l'Ancien Testament, cet état de bénédiction et de bien-être sous le regard de Dieu et au sein du peuple de Dieu. Dans son cas, cette paix implique une intégration dans la communauté des disciples de Jésus où elle sera respectée et considérée comme une sœur précieuse. "Va en paix."

Nous venons de parcourir l'histoire en trois parties, il nous reste à avoir l'application pour aujourd'hui en trois parties, et je vais procéder sous forme de question et réponse.

A. Que nous apprend ce texte sur le salut?

Ce premier point d'application pose le cadre pour l'ensemble de notre réflexion de ce matin, de notre méditation.

Réponse: C'est la foi seule qui sauve, mais la gratitude et le changement de vie confirment la foi. Je m'explique. C'est la foi seule qui sauve, c'est-à-dire qu'on n'est pas sauvé par les œuvres. On n'est pas sauvé par notre amour pour Jésus, par le bien qu'on fait. On est sauvé du jugement de Dieu simplement en mettant notre confiance en Christ pour le pardon de nos péchés, en sachant que lui a subi le jugement divin à notre place. La foi en lui suffit pour recevoir le salut, ce cadeau gratuit. Mais comment savoir si j'ai vraiment la foi qui sauve? Est-ce que le simple fait d'avoir fait une prière me garantit que j'ai la foi qui sauve? Est-ce que le simple fait de dire que je suis sauvé me garantit que j'ai la foi qui sauve?

Jacques nous dit au chapitre 2 de son épître que celui qui dit qu'il a la foi mais qui n'a pas aussi les œuvres, c'est-à-dire une conduite transformée, ne peut pas être sauvé. Pourquoi? Parce que la vraie foi produit inévitablement des œuvres, c'est d'ailleurs la seule façon de la reconnaître. C'est la foi seule qui sauve, mais la Parole nous donne des tests pour évaluer la foi, et parmi ces tests, il y a la gratitude et le changement de vie qui confirme la réalité de la foi, qui confirme que la foi est bel et bien présente et réelle. Autrement dit, la foi est invisible, mais elle se mesure et elle se vérifie, se confirme par des signes visibles, notamment la gratitude ou la reconnaissance et le changement de vie. Est-ce que ces signes, cette reconnaissance, ce changement de vie sont présents dans ta vie, dans une certaine mesure? Parce que tout cela augmente avec la sanctification.

La vraie foi ne reste jamais seule. On est sauvé par la foi seule, mais la vraie foi ne reste jamais seule. Tôt ou tard, elle produit du fruit, comme le disaient les réformateurs. On est sauvé par la foi seule, mais pas par une foi qui est seule ou qui reste seule. Si tu n'as aucune gratitude à l'intérieur et pas le moindre changement dans ta vie qui se manifesterait de l'intérieur vers l'extérieur, et bien je t'invite à venir à Jésus ce matin pour goûter à son pardon et à la joie des pécheurs pardonnés.

B. Que nous apprend ce texte sur l’amour pour Christ?

Ce deuxième point d'application, c'est vraiment le cœur de notre passage. Cette question nous amène directement au message central de notre texte. Réponse: Plus nous sommes conscients de l'ampleur du péché qui nous est pardonné, plus notre amour pour Christ est passionné. Grand pardon, grande passion. Plus nous sommes conscients de l'ampleur du péché qui nous est pardonné, plus notre amour pour Christ est passionné. Est-ce que ton amour pour Christ ressemble à celui de Simon, un amour froid, hésitant, distant, le service minimum, voire même moins? Ou est-ce que ton amour pour Christ ressemble à celui de la femme pardonnée, un amour zélé, intense, courageux, passionné? On a vu que ce qui fait la différence entre les deux, c'est que la femme pécheresse est consciente de l'immensité de son péché et du pardon qu'elle a reçu, alors que Simon se voit comme un pécheur moyen qui a besoin d'un pardon moyen. Comment être de plus en plus passionné pour Christ? À travers l'histoire de l'Église, les hommes et les femmes de Dieu ont répondu à cette question d'une même voix: en étant de plus en plus conscient de l'ampleur du péché qui nous a été pardonné.

Godet, encore une fois, a émis une mise en garde à partir de notre texte biblique. Il a écrit ceci:

Quant à l'abondance de péchés indispensable pour pouvoir aimer beaucoup, il n'y a rien à ajouter volontairement à ce que chacun de nous possède déjà.

Autrement dit, inutile de pécher davantage pour augmenter les dimensions de notre pardon, il suffit. Poursuit Godet:

À chacun de calculer exactement cet avoir, donc le péché déjà commis, ce qui manque au meilleur pour aimer beaucoup. Ce n'est pas le péché, c'est la connaissance de son péché. Pour aimer Christ passionnément, il nous faut non seulement méditer sur sa personne, mais aussi sur notre péché, sur notre besoin d'un Sauveur.

L'un des livres les plus célèbres de toute l'histoire de l'Église, c'est celui écrit par Augustin, qui a vécu aux 4e et 5e siècles de notre ère, "Les Confessions", livre dans lequel Augustin se confesse et décrit ses luttes avec les passions charnelles avant sa conversion et la façon dont la grâce de Dieu l'a libéré de la puissance du péché. On peut se demander, Augustin, enfin, pourquoi se donner tant de mal? Et Augustin lui-même répond par une prière au début de ses Confessions, quand il écrit ceci:

Je veux me souvenir de mes hontes passées et des impuretés charnelles de mon âme, non que je les aime, mais afin de vous aimer, mon Dieu.

Voyez, c'est la même connexion que celle qui est dans notre passage. Ce qu'Augustin affirme ici, c'est qu'il y a un lien entre le rappel de nos fautes, le souvenir de nos péchés, et notre amour pour Dieu.

Il poursuit sa prière:

C'est par amour de votre amour, s'adressant à Dieu, que j'accomplis ce dessein d'écrire ces confessions. Je repasse par mes voies perverses, je les évoque amèrement pour goûter .Votre douceur, délices qui ne trompez pas, délices heureuses et sûres qui me recueillent en Vous, m'arrachant à la dispersion où je me dissipais à l'époque où, me détournant de Vous, je me perdais en mille vanités.

Augustin suggère qu'il y a un lien entre repasser par nos voies perverses et nous délecter de Dieu qui pardonne.

Comment mettre tout ça en pratique dans la prière? Passons régulièrement du temps à nous rappeler d'où Christ nous a tirés, repassons dans les grandes lignes (attention, sans exagérer, pas besoin de repasser les détails, de sombrer dans une introspection maladive, mais dans les grandes lignes). Rappelons-nous les péchés qui nous ont volés avant notre conversion, et repassons également les péchés auxquels nous nous sommes adonnés depuis notre conversion, peut-être même récemment.

Puis, comprenant un peu mieux à quel point nous avons offensé le Dieu Très Saint et à quel point nous continuons de l'offenser régulièrement, courons vers la croix et jouissons de son pardon complet. Alors, la clé ici, c'est le rapport un pour dix (et je pense que ça vient du pasteur écossais McCheyne): un regard pour dix regards. Pour chaque regard sur ton péché, dix regards sur la croix de Christ. C'est une habitude en voie de disparition aujourd'hui, et c'est pourtant une habitude pratiquée par les chrétiens exemplaires à travers les âges. L'idée n'est pas de se flageller soi-même, vous m'avez bien compris. L'idée, c'est de se remémorer l'immensité du pardon que Dieu nous a accordé.

L'apôtre Paul lui-même avait cette habitude quand il se souvenait qu'il était le premier des pécheurs (1 Timothée 1.15). Mais qui lui avait été fait miséricorde (verset 16). Verset suivant: "Afin qu'en moi, le premier, Jésus-Christ montre toute sa patience." Quand Paul écrit ces mots, il est chrétien depuis plus de 30 ans. Après 30 ans de vie chrétienne, Paul écrit: "Je suis le premier", c'est-à-dire le pire des pécheurs. Ce qui renvoie à la fois à ses horribles péchés passés comme avant sa conversion quand il était persécuteur de l'Église, mais aussi au fait qu'il se voit toujours comme un pécheur ayant sans cesse besoin de la grâce de Dieu, même après 30 ans de vie chrétienne.

Frères et sœurs, le pire péché, le pire péché, c'est le mien, ce n'est pas celui du voisin. C'est le mien parce que c'est celui que je vois, que je côtoie de plus près. Mais en même temps, le plus grand pardon, c'est aussi le mien, parce que c'est celui auquel je goûte.

Un mot au sujet des personnes qui ont grandi dans un foyer chrétien ou dans l'Église. En grandissant dans l'Église, on se dit parfois: "Il me semble que si je vivais une bonne rébellion bien claire, bien marquée, si je me rendais coupable de tout ce contre quoi on m'a mis en garde depuis ma tendre enfance, après quelques années je reviendrai." Ça ferait une très belle conversion bien spectaculaire, avec un beau grand pardon à la clé. Évidemment, on ne le dit pas comme ça, mais je me souviens quand j'étais enfant à l'Église et que j'entendais tous ces témoignages de conversion radicale, j'étais troublé parce que je me disais, "Moi, je n'ai pas vécu ça. Ce n'est pas aussi clair dans ma vie." J'en venais même à douter de mon salut à cause de ça. J'aurais eu besoin de Godet, déjà cité quelque fois, tonton Godet, pour me rassurer et aussi pour me mettre au défi parce qu'il m'aurait dit: "Dominique, tu en as bien assez des péchés. N'en rajoute pas. Il ne te manque rien. Il ne te manque rien, à part peut-être d'en être un peu plus conscient. Ce qui manque, ce n'est pas le péché, ce n'est jamais le péché, mais c'est la connaissance de son péché, la conscience de son péché." J'ai grandi dans l'Église, je ne me suis pas éloigné par une longue rébellion ouverte, mais vous savez quoi, Paul s'est trompé, je suis le premier des pécheurs. Je suis le premier des pécheurs. "Trompé" enfin vous me comprenez. Après on va dire que je mets en cause l'infaillibilité de l'Écriture, je pense que vous m'avez suivi, changeons de sujet.

C. Que nous apprend ce texte sur les gestes d’amour envers Christ?

Avec ce troisième point d'application, on s'intéresse à d'autres aspects du comment. Comment mettre tout ça en pratique maintenant que j'ai retrouvé un amour passionné pour Christ? Je fais quoi? La femme pardonnée nous apprend deux caractéristiques des gestes d'amour envers Christ.

1. Ils comportent parfois une touche d’extravagance.

À l'occasion, la manifestation de notre amour pour Christ dépasse les limites de ce qui semble raisonnable dans une culture donnée, dans un contexte normal. Pas toujours, hein, mais parfois. On l'a vu avec le geste de la femme pardonnée qui a bousculé les habitudes, qui a changé l'ambiance, qui a même plombé l'ambiance d'une certaine manière. Attention, on a aussi besoin de sagesse et de la direction du Seigneur dans tout ça, mais à certains moments, c'est de courage qu'il nous faut. Il y a de nombreuses années, un frère de Montréal m'a raconté qu'une femme de son Église était un jour au restaurant avec d'autres chrétiens, et la serveuse est venue. Ils lui ont dit: "Madame, on est un groupe de chrétiens ici. On est venu manger, et on s'apprête à prier. Est-ce qu'on pourrait prier pour vous? Est-ce que vous avez quelque chose à demander à Dieu que nous pourrions demander pour vous?" Elle était très surprise, un peu mal à l'aise au début, mais elle a “joué le jeu”, et puis oui, elle leur a demandé de prier pour elle. On peut se demander: "Ouais, c'est quand même un peu direct comme approche, parce que c'est trop direct."

Alors, moi, j'ai entendu cette histoire il y a environ 17 ans, mais il y a deux semaines, mon fils Luc –celui qui marchait à quatre pattes et demi, mais maintenant il est à l'Université de Montréal, donc les choses ont bien évolué– avec un groupe de chrétiens sur le campus, ils vont vers les gens pour échanger et, si possible, pour leur parler de Christ. Leur approche ces derniers temps, c'est de commencer de la même manière, en demandant aux gens: "On est chrétien, est-ce qu'on pourrait prier pour toi?" Et à ma grande surprise, il y a 2 semaines, il nous racontait qu'ils ont fait cette proposition à six personnes. Quelques heures et les six ont dit oui, "Ok, vous pouvez prier pour moi sur le champ." Ils ont partagé quelque chose de leur vie, et les chrétiens ont prié pour eux. C'est une porte d'entrée intéressante parce qu'on peut ensuite parler.

Alors, peut-être pas à chaque fois, mais dans certains cas, si on voit qu'on peut aller plus loin, parler de notre accès à Dieu, pourquoi peut-on prier Dieu comme ça, si simplement? Parce que Christ nous ouvre l'accès libre à Dieu.

On est parfois mal à l'aise face à ces touches d'extravagance de la part de certains chrétiens. C'est un exemple parmi d'autres, mais je remarque que Dieu se plaît à utiliser avec puissance des chrétiens qui osent faire ce qui ne se fait pas. Est-ce qu'on a perdu de notre spontanéité? Est-ce qu'on hésite trop à quitter les sentiers battus pour aimer Christ publiquement? On n'a rien à cacher.

2. Ils ont pour but premier de mettre Christ en valeur.

Il ne s'agit pas de viser l'extravagance pour se faire remarquer. La femme pardonnée voulait orienter tous les regards vers Jésus. Elle voulait l'honorer en répandant sur ses pieds du parfum de grand prix. Est-ce qu'on cherche à mettre Christ en valeur, par exemple, en disant à des amis non-chrétiens ce que Jésus représente pour nous en toute simplicité, ou en chantant à Christ de tout notre cœur lors des moments de louange en Église, en réfléchissant vraiment aux paroles, ou en rendant témoignage dans notre groupe de maison avec des frères et sœurs de ce que Christ a fait dans notre vie récemment. Il agit, il se manifeste, disons-le, racontons-le pour l'honorer.

Puisque toute la gloire lui revient, également, en transférant rapidement toute la gloire à Christ quand Dieu a bien voulu nous utiliser pour aider quelqu'un, peut-être pour rendre un service, pour encourager une personne. Alors, ça ne veut pas dire de ne pas accepter les remerciements, mais dans notre cœur, on transfère toute la gloire à Christ parce que c'est lui qui nous fortifie, c'est lui qui nous donne envie d'aimer, de rendre service. Quand quelqu'un vous fait un compliment, un voisin, un ami au travail, du style, "Il y a quelque chose de différent en toi, il me semble que tu as une paix, tu as une joie de vivre, peut-être que la personne dit, je ne sais pas, ton mariage m'inspire." Quelle belle occasion, quelle belle occasion de répondre, "Si tu savais, je suis loin d'être une personne extraordinaire, mais il y a quelqu'un qui a vraiment bouleversé ma vie."

J'ai un ami à l'Église du plateau qui est en train d'enregistrer des chansons qu'il a composées sur sa foi de manière toute simple, non professionnelle, sans prétention, avec un seul objectif bien précis: il veut offrir ses chansons aux membres de sa famille et à ses amis non croyants, en espérant qu'ils écouteront les paroles et qu'ils comprendront qui est Jésus pour lui. Qu'est-ce qui me préoccupe le plus? Ce que les gens vont penser de moi ou ce que les gens vont penser de Christ? Dieu nous interpelle ce matin par notre passage. Soyons clairs, la femme pécheresse a eu l'air fou ce jour-là, du moins aux yeux de certains. Elle a déplu aux convives, mais Jésus a souligné publiquement l'amour qu'elle avait pour lui, et il l'a rassurée par des paroles réconfortantes. Qu'est-ce qui compte le plus pour toi? Le respect des autres ou glorifier Christ?

Mettons Christ en valeur. Grand Pardon, grande passion. Considère l'immense pardon que Christ t'a accordé et laisse ce pardon nourrir ta passion pour lui, puis exprime cette passion par des gestes concrets d'amour qui honorent Christ. Finalement, par cette histoire de la femme pécheresse pardonnée, c'est tout un programme de vie qu'on découvre, et c'est une belle vie. Ce que Jésus dit à cette femme, il nous le redit aujourd'hui: va en paix. Allons en paix dans la bénédiction d'une vie riche avec lui et avec l'Église.

Prions.

Père, merci pour l'exemple de cette femme qui nous encourage, qui nous inspire, qui nous apprend tellement de leçons. Nous voulons apprendre d'elle et des paroles que Jésus a prononcées à son endroit. Augmente notre amour pour Christ, notre passion pour lui, en nous rendant davantage conscients de l'immensité du pardon que nous avons reçu. Dirige-nous vers des gestes d'amour concrets qui mettront Christ en valeur. En son nom, nous te demandons, amen.