Dans les derniers chapitres de l’Écriture, nous apprenons qu’un jour le Seigneur essuiera toute larme de nos yeux (Ap 21.4). Nous attendons tous ce jour avec impatience. Mais en attendant, nous vivons dans un monde déchu, brisé, détraqué. Nous endurons la tristesse, le chagrin, l’injustice et les abus. Et, dans les jours difficiles, nous pouvons verser un bon nombre de larmes. Nous pouvons lutter contre l’anxiété, la peur, le doute, l’amertume, la colère ou le désespoir. Nous pouvons nous demander si Dieu nous entend. S’il se soucie de nous.
L’un des mensonges les plus insidieux de Satan est que Dieu nous a abandonnés dans notre souffrance. Mais l’a-t-il fait?
Le psaume 56 répond à cette question par un “NON” retentissant! Il se soucie profondément de chaque rupture douloureuse, de chaque fausse couche, de chaque maladie chronique, de chaque décès d’un être cher, de chaque difficulté financière ou de chaque cas d’abus. Il tient compte de nos errances. Il connaît tous les sentiers sinueux que nous empruntons. Il les a mémorisés, comme un père attentif et concerné, qui écrit chaque soir un journal intime sur notre périple dans la perte et la douleur. Chaque larme que nous versons a un sens pour lui. Aucune n’est vaine. Il les stocke dans une outre qu’il garde sur sa table de nuit à côté de son journal intime.
À quiconque traverse une saison de peur ou de perte, d’anxiété ou de honte, ce psaume offre une parole d’espoir.
Puisque Dieu tient compte de nos errances, n’ayons pas peur, mais confions-nous en lui.
Le titre du psaume 56 permet de le situer dans son contexte. Comme c’est également le cas pour le psaume 34, David met la plume sur le parchemin alors qu’il est à Gath en train de fuir Saül (voir 1 Samuel 21 pour le récit complet). Il passe environ dix ans en fuite après son onction par Samuel et avant son ascension au trône. Accompagné d’hommes qui lui sont fidèles, le roi exilé erre de lieu en lieu dans le désert de Judée.
Le psaume 56 peut être divisé en deux sections principales que j’ai intitulées "Harcelés, mais confiants", v. 2-8 et "Errants et délivrés", v. 9-14. Dans cette première section, nous apprenons la profonde détresse de David.
Les versets 2 et 3 nous apprennent qu’ils le harcèlent. Le mot traduit par "harceler" pourrait aussi être traduit par "chercher", "poursuivre", "traquer". David ajoute au v. 7 que les ennemis se cachent, ils attendent dans l’obscurité, le guettant, attendant de bondir, de lui tendre une embuscade au moment où il s’y attend le moins. Comme un chasseur qui attend le moment de tirer sur le cerf qu’il attend depuis longtemps. À la lumière de la puissance, de la prépondérance et des plans de ses ennemis, David a de bonnes raisons d’avoir peur!
Pourtant, malgré le danger réel et terrifiant auquel David fait face, il tourne son regard vers le ciel et là, il trouve réconfort et paix. Il ne nie pas qu’il a peur. Au contraire, il affronte ses peurs. Et il confesse sa confiance dans le Dieu qui est plus grand que tout ennemi. De plus, il prononce cette phrase pleine de foi: “En toi, je me confie. Je me glorifierai en Dieu, en sa parole. Que peuvent me faire des hommes?”
Pourquoi David glorifie-t-il la Parole de Dieu? Parce que les promesses de Dieu et sa personne sont inséparables! C’est pour cette raison même que nous ne pouvons pas idolâtrer la Bible. Si nous marchons dans l’Esprit, il est impossible de trop aimer les Écritures. Car les aimer, c’est aimer leur auteur divin. Lorsqu’elles remplissent nos cœurs et nos esprits, la peur fait place à la foi. Ainsi, David peut poser cette merveilleuse question rhétorique pleine de foi: “Que peuvent me faire des hommes?” À la lumière de la puissance de notre Dieu, la réponse est: “Absolument rien!”
Au v. 9, nous arrivons à cette belle phrase qui est au cœur du psaume: “Tu comptes les pas de ma vie errante.” Repensez à la manière dont les ennemis de David suivent ses pas et comparez cela à la gracieuse vigilance de l’Éternel. Les méchants le traquent afin de trouver le moment opportun pour se jeter sur lui. L’Éternel suit les pas de David pour lui montrer son amour d’alliance.
Lorsque le v. 9 dit: “Recueille mes larmes dans ton outre.” Cela signifie-t-il que Dieu a littéralement un entrepôt dans le ciel où il garde toutes les bouteilles de toutes les larmes de tous les saints de toute l’histoire de la rédemption? Ce serait une énorme unité de stockage! Comme c’est souvent le cas dans la littérature poétique, nous devons comprendre ce langage au sens figuré. L’idée derrière cette image est le souvenir. Nos larmes ne sont pas vaines. Dieu voit, il sait, il se soucie, il n’oubliera jamais.
Dans la dernière clause du v. 9, David complète le tableau avec l’image d’un livre dans lequel Dieu compte méticuleusement chaque larme. Pour l’enfant de Dieu, la souffrance a un sens. Le paradoxe de la peine est que nous pouvons regarder en arrière et découvrir que certains des moments les plus douloureux de notre vie étaient les plus joyeux. Parce que Dieu nous a rencontrés là, dans notre perte et notre désespoir. Et il nous a rapprochés de lui d’une manière que nous n’avons jamais connue en temps de paix et de prospérité.
Au v. 10, David écrit: “Mes ennemis reculent, au jour où je crie.” Il aborde une fois de plus le sujet de ses adversaires. Mais maintenant, après avoir reconnu la souveraineté de Dieu sur lui au v. 9, il voit ses ennemis d’un point de vue différent. Aux v. 11-12, il revient sur la déclaration qu’il a faite aux v. 3-4, et conclut une fois de plus par cette question rhétorique pleine de foi: “Que peuvent me faire des hommes?”
David est sûr que leur condamnation est assurée. En termes humains, il n’a peut-être aucune raison logique de le croire, étant donné qu’il est toujours un homme en fuite. Mais il croit par la foi ce qu’il ne peut pas encore voir de ses yeux. Pourquoi? La deuxième partie du v. 10 le dit clairement: “Je sais que Dieu est pour moi.”
Cette promesse n’est pas seulement pour David, mais aussi pour nous! Les versets du N.T. qui construisent un pont magnifique entre le psaume 56 et l’Évangile de Jésus-Christ se trouvent dans Romains 8.31-32. Nous savons une chose à laquelle David n’aurait pas pu rêver: que son Dieu fidèle et inébranlable enverrait un jour son propre Fils mourir sur la croix et ressusciter des morts pour que tous ceux qui mettent leur confiance en lui aient la vie éternelle. Et, ajoute Paul, s’il n’a pas retenu son propre Fils, il n’y a rien que Dieu ne puisse faire pour nous!
Et pourtant, quiconque n’a pas encore mis sa foi en Jésus-Christ doit faire ce premier pas. Car toutes les promesses de ce précieux psaume ne sont à notre portée que si nous avons une relation personnelle avec Jésus-Christ. Toutefois, même les croyants ont besoin de réaffirmer régulièrement leur confiance en Dieu, car nos cœurs sont enclins à errer. Quel que soit notre combat, que cette phrase devienne celle à laquelle nous revenons encore et encore: “Je sais que Dieu est pour moi. Que peuvent me faire des hommes?”
Aux v. 13-14, David déclare: “Ô Dieu! je dois accomplir les vœux que je t’ai faits; je t’offrirai des actions de grâces. Car tu as délivré mon âme de la mort.” (Ps 56.13-14a).
Ce qui est extraordinaire, c’est que David n’a pas encore reçu la délivrance qu’il demande à l’Éternel. Pourtant, il a tellement confiance en son arrivée qu’il prépare le sacrifice de manière préemptive!
Ce concept de sacrifice nous est tellement étranger en tant que chrétiens. Les vœux et les actions de grâce étaient des sacrifices volontaires, qui consistaient en un animal non taché du troupeau de l’adorateur, et/ou en diverses céréales ou du pain. La poitrine de l’animal sacrifié était destinée au grand prêtre. La patte antérieure droite était pour le prêtre officiant. L’Éternel recevait la graisse, les rognons et le lobe du foie, qui étaient brûlés. Les participants mangeaient ensuite le reste de l’animal, symbole de la provision de Dieu.
Et aussi grandes qu’aient été ces offrandes, sous la nouvelle alliance, nous connaissons un sacrifice encore plus grand. Nous partageons la table du Seigneur, un souvenir de la croix et de la résurrection de notre Sauveur. Ainsi, alors que l’image de l’outre de larmes montre que Dieu se souvient de notre souffrance, la sainte cène montre que nous nous souvenons de la sienne.
La croix de Christ ne pourra jamais être répétée, car il a accompli notre rédemption une fois pour toutes (Hé 10.10). Pourtant, alors que nous n’avons pas de sacrifice plus grand que Christ, l’Écriture nous exhorte à nous offrir nous-mêmes en sacrifice vivant (Rm 12.1-2). Nous le faisons en lui remettant nos vies, nos espoirs, nos ambitions, nos peurs, nos familles, nos finances, tout. Et en refusant de nous conformer au système du monde pécheur dans lequel nous vivons, mais en renouvelant notre esprit, alors que nous marchons en union avec Christ, que nous cherchons à connaître sa volonté telle qu’elle est révélée dans sa sainte Parole et que nous cherchons à vivre des vies qui lui sont obéissantes dans la puissance de son Esprit.
Cela sera différent pour chaque croyant, en fonction des péchés contre lesquels nous luttons. Mais l’antidote à cette maladie est le même pour tous: marcher en union avec Christ. Ou, comme le disent les derniers mots de David dans le psaume 56: “…marche devant Dieu, à la lumière des vivants.”
Puisque Dieu tient compte de nos errances, n’ayons pas peur, mais confions-nous en lui.