4 conseils pour témoigner naturellement de Jésus

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Aujourd’hui, témoigner de sa foi peut sembler totalement impossible. Tout semble être contre nous: les moqueries et les caricatures, les lois contre le prosélytisme, et une culture ambiante hostile à la foi chrétienne. Pourtant, même les interactions avec nos opposants peuvent être des occasions de témoigner. Voici quelques conseils pour rendre l'évangélisation plus accessible et qualitative.

Cela peut se produire à tout moment: au cours d'un repas, sur le trottoir, avec des collègues de travail, avec nos enfants adolescents... Le risque est grand de regretter ensuite de n'avoir rien dit, ou... d'avoir été maladroit, trop impulsif. Bien sûr, il ne faut pas s’inquiéter, car le Saint-Esprit va nous guider dans nos pensées et nos paroles, comme le dit Jésus (Mc 13.11), mais cela n'empêche pas d'y réfléchir à l'avance.

Ai-je bien compris ce que tu as dit?

Quand un désaccord survient, cela peut être pour plusieurs raisons. Peut-être que l’on s’est mal compris: on a parlé trop vite, on a employé des mots ou des expressions qui avaient un sens différent pour les uns et pour les autres.

“Peut-on définir certains mots ou expressions qui ont été employés? Que veux-tu dire par là?”

Lors d’un vrai dialogue, nous pouvons rappeler qu'il n'est pas juste de considérer que le problème, voire la faute, se situeraient nécessairement d'un seul côté. On n'est pas dans un procès! Je veux bien écouter et remettre en question telle ou telle manière de penser, mais cela doit être vrai également pour mon contradicteur. Il n'est pas mon maître, et je ne suis pas son enfant. La moquerie ou la dérision ne devraient pas avoir leur place dans cet échange.

“S'il te plaît, parlons sérieusement.”

Il serait sage d'admettre qu'un seul échange n'est pas suffisant pour faire sérieusement le tour de la question. La précipitation nous empêche d'atteindre le but. Si cela est matériellement possible, essayons d’envisager deux, voire trois rencontres.

“J'aimerais creuser cette question avec toi. Peut-on se revoir pour en parler tranquillement?”

Il est souhaitable, avant d'être écouté, de savoir écouter ce que l'autre a à dire. S'il se sait écouté –et pas immédiatement contredit– il est probable qu'il s'exprimera de manière apaisée. "Écouter" signifie "ne pas interrompre", si ce n'est pour poser une question en vue de mieux comprendre, réellement mieux comprendre, ce qui a conduit notre contradicteur à la position qui est la sienne: une expérience vécue, une rencontre marquante, une lecture... Il y a une manière de poser des questions qui honore la personne.

“Que veux-tu dire par là? Pourquoi dis-tu cela? Es-tu sûr de ce que tu avances?”

La véritable écoute est rare.

Jusque-là, je suis d'accord

Reconnaissons ce qu'il y a de juste dans ce qui nous est dit, tout en sachant qu'une affirmation correcte peut se situer dans un raisonnement fallacieux. “Là, je suis d'accord avec toi.” En d'autres termes, tout n'est pas forcément entièrement faux ou entièrement juste. Souvent, cela est vrai jusqu'à un certain point; après ça ne l'est plus. On peut donc le faire remarquer.

Une fois cette étape passée (cela suffira peut-être pour une première rencontre), on peut demander l'autorisation d'exprimer maintenant notre pensée. Il est souhaitable de progresser par étape, en s'assurant que l'on est compris. Ne courons pas tout de suite aux conclusions définitives.

Ces précautions permettront sans doute d'apporter de la lumière et, en conséquence, de mieux comprendre les raisons du désaccord ou de l'antagonisme: des parcours différents, des présupposés (ou biais cognitifs) différents, et en conséquence, une compréhension différente de certaines notions comme la laïcité, l'amour, l'égalité, etc.

Parfois, il faudra seulement prendre acte de ces différences qui, dans certains cas, ne vont pas permettre de s'accorder et d'aller plus loin... pour le moment. Si l’on a été bienveillant, le moment viendra peut-être où notre contradicteur souhaitera un nouvel échange. Dieu est patient; nous pouvons l'être aussi.

L'amour ne dit pas “oui” à tout

Cette manière d'échanger signifie-t-elle que l'on acquiesce à tout ce qui est dit? La réponse est non. Lorsque l’on ne comprend pas ou que l’on n'est pas d’accord, on peut le dire. Parfois cela touchera des points secondaires, parfois des points importants. Il vaut mieux le dire paisiblement.

Beaucoup de désaccords ou d'oppositions sont nourris par l’amour-propre. Sans acquiescer quand il ne faut pas le faire, il est possible d'exprimer un désaccord, tout en ménageant l'amour-propre de la personne. C'est-à-dire sans l'humilier, et sans chercher la victoire, en disant par exemple: “Je ne peux pas te suivre sur ce point, mais j'ai entendu ce que tu as dit et je vais y réfléchir. Peut-on en reparler une autre fois?”

En tant que chrétiens, nous sommes témoins de la vérité que Dieu a révélée. Seulement témoins! La puissance est dans la vérité énoncée: je peux donc la formuler doucement. Si la personne est sincère, Dieu lui-même confirmera, dans son cœur, ce qui relève de la vérité et ce qui relève du mensonge. En un sens, cela ne dépend pas de moi.

L'amour se réjouit de la vérité.

1 Corinthiens 13.6

Nous devons aussi nous rappeler que la vérité et l'amour vont ensemble (Ép 4.15). Aimer n'implique pas de dire “oui” à tout! Aimer ne cherche pas à plaire (Ga 1.10). Jésus ne l'a pas fait. Mais, aimer offre des occasions d'avancer. C'est pour cela que la vérité est convoquée!

Parmi les arguments qui nous seront avancés par le contradicteur, plusieurs peuvent être déstabilisants, voire piégeux. Il est sage de ne pas répondre avec précipitation. Dans ce genre de situation, Jésus a souvent répondu en posant à son tour une question (Mt 21.24). Mieux vaut un rythme d'échange lent qui ne cède pas à l'émotion.

Enfin, nous savons que l'on ne s'adresse pas à un groupe comme on s'adresse à une personne seule. Dans un groupe, chacun cherche à impressionner les autres, et parfois, par des moyens peu raisonnables. Face à un groupe, il est quand même important de dire quelque chose, car parmi les personnes présentes –qu’elles se taisent ou qu’elles se moquent– il peut s'en trouver qui soient bien plus réceptives qu'il n'y paraît. Mais on évitera les disputes qui ne mènent à rien, comme le dit Paul (2Tm 2.14, 16; 2Tm 3.9). On peut dire par exemple: “Ce sujet est beaucoup trop délicat pour en parler légèrement, avec des slogans. Mais je suis prêt à y réfléchir sérieusement quand vous le voulez.”

En disant cela, on hausse le niveau, et on offre à qui le voudra la possibilité d'aller plus loin, si possible seul à seul ou en plus petit groupe.

Répondre ou rétorquer?

J'imagine maintenant quelques échanges à partir d'arguments déstabilisants. Évidemment, le ton avec lequel nous nous exprimerons est important. Conviction et humilité peuvent aller ensemble.

“Ce que tu dis appartient au passé!”

Pourquoi dis-tu cela? Penses-tu que tous ceux qui ont réfléchi à cela avant nous étaient des sots? Ne crois-tu pas qu'il y ait des réalités, des principes, qui demeurent inchangés quelle que soit l'époque? Une Amanite phalloïde n'est pas devenue comestible par le seul fait qu'on soit au XXIᵉ siècle. Si l'univers subsiste, c'est parce qu'il obéit à des lois qui demeurent inchangées. Cela est également vrai dans le domaine moral. On ne peut pas jouer avec cela à notre guise.

“Aujourd'hui, plus personne ne pense comme toi!”

Tu crois donc que je suis le seul à penser comme cela? Détrompe-toi! Par ailleurs, la vérité n'est pas une affaire de statistique. Les statistiques sont comme les modes et le temps qu'il fait: elles évoluent sans cesse. Je ne les ignore pas, mais je ne m'y fie pas. Pour diriger ma vie, je cherche des éléments plus fiables!

“C'est ton avis, mais chacun a le sien (et donc garde le tien pour toi).”

Écoute, jusqu'à présent, on a le droit de s'exprimer. Je n'impose rien à personne. Si j'exprime ma pensée, ce n'est pas pour le plaisir de contredire, c'est parce que je crois que c'est utile. Ensuite, chacun assume ses choix. Cependant, je ne pense pas que toutes les opinions ou actions soient équivalentes ni sans importance. Certaines ont des conséquences importantes. C'est pourquoi, il est important de continuer à réfléchir et à s'écouter mutuellement.

“Tu sais, la science a démontré…”

Parfois la science démontre, mais souvent, elle suppose en tâtonnant. Tous les jours, on voit des certitudes scientifiques être remises en cause et parfois démenties. Ça évolue sans cesse, et pas toujours dans le même sens! La science est souvent pointue sur un domaine donné, mais elle prend rarement en compte l'ensemble des données. Je me méfie des scientifiques trop sûrs d'eux. Un scientifique sérieux est généralement assez modeste. Derrière les discours scientifiques, il y a aussi des partis pris, des opinions, des idéologies, des modes, des intérêts. Prudence avec tout cela!

“En quoi cela te gêne-t-il, si on ne t'oblige pas à faire de même?”

Je ne peux tout simplement pas être indifférent à ce qui se passe autour de moi. Je n'impose rien, mais je ne vis pas le "chacun pour soi". Donc, si je pense qu'un choix est erroné ou dangereux, je le dis. Je crois aussi que chaque être humain a une conscience, et qu'aujourd'hui, beaucoup de discours soi-disant émancipateurs écrasent les consciences. Les fruits, en fin de compte, seront amers. Il me semble alors important de le dire.

“Qu'est-ce qui te permet de juger les autres?”

Tu sais, juger est quelques fois déplacé et quelques fois, c’est nécessaire. Supposons que l’on t'apporte un plateau de champignons qui n'ont pas été triés, je ne crois pas que tu mettras tout cela dans ta poêle. Tout ne revient pas au même. Il y a des opinions ou des réalités qui paraissent plaisantes dans un premier temps, mais qui s'avèrent ensuite mortelles. Je dois te dire aussi que dans cette évaluation, je ne me fie pas qu'à moi-même. J'écoute ce que disent les autres, je lis. Souvent, je suis aussi amené à me souvenir de ce que la Bible dit sur un grand nombre de sujets. Son réalisme est vraiment saisissant. Si Dieu dit qu'une chose est juste, je le crois. S'il dit qu'elle n'est pas juste, je le crois aussi. Cela me paraît sage, et je ne crois pas que cela soit contraire à la vie, ou même à la joie. Pas du tout!

En tant que chrétiens, nous savons que l'intelligence concerne aussi le cœur. Cela n'exclut pas les sentiments et les raisonnements, mais cela va plus loin. À cet égard, le Psaume 119 constitue un remarquable témoignage.

Mieux vaut pour moi la loi de ta bouche que mille objets d'or ou d'argent.

Psaumes 119.72

Ne nous laissons pas intimider.

Charles Nicolas

Charles Nicolas est pasteur des Églises réformées évangéliques. Il est actuellement aumônier hospitalier à Alès (Gard) et enseignant itinérant. Il écrit sur Le blog de Charles Nicolas, et parfois pour Évangile21.

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D. Angers