De quoi parle le livre?
La vie par sa mort est né d’un débat dans les années 1640: pour qui Jésus est-il mort? Il y avait deux camps qui débattaient: ceux qui disaient que Jésus était mort pour le monde et les autres qui disaient qu’il était uniquement mort pour ses élus. Ou dit autrement, il était question de l’étendu de l’œuvre de Jésus à la croix. Avait-il souffert pour les péchés de chaque être humain ou uniquement une partie de l’humanité?
Puis, entre en scène le théologien John Owen. Il a pris 7 ans pour étudier le sujet dans la Bible et lire tous les livres qui existaient. La publication de son livre en 1647 a délivré le coup de grâce à ceux qui disaient que Jésus a payé pour les péchés du monde entier. Il parait que sa thèse n’a jamais pu être réfuté.
La vie par sa mort est la traduction française d’une version abrégée de ce classique (titre anglais: The Death of Death in the Death of Christ) qui défend l’expiation limitée (aussi appelé la rédemption particulière).
Pourquoi ce livre est-il important?
- Bien que débat sur le sujet semble être terminé, il est loin d’être résolu. Si je devais vous demander pour qui Jésus est-il mort, vous répondriez probablement “Pour le monde”. Et dans un sens, c’est vrai, puisque nous devons annoncer la Bonne Nouvelle à tout le monde. Mais John Owen nous montre qu’il faut être plus précis, car la Bible est plus précise.
- Ce livre de Owen est le livre incontournable sur l’étendu de la mort de Christ. Son argumentation est simple et claire. Sa logique est implacable. Ce n’est pas pour rien que John Owen est un des plus grands théologiens de l’histoire.
- Ce livre est le premier d’une collection d’écrits puritains que préparent les éditions Cruciforme. Je me réjouis de voir les puritains être publiés en français!
- John Owen a la réputation d’être compliqué. C’est une raison de plus de le lire en français. Le traducteur a fait le boulot pour nous. J’ai trouvé la préface de J.I. Packer plus lourde que John Owen!
Comment le livre est structuré
Owen a divisé son argumentation en quatre parties. Il montre d’abord le plan de Dieu en envoyant Jésus mourir. Puis il montre ce que Jésus a accompli en mourant à la croix.
Ensuite il propose 16 raisons pour lesquelles il n’est pas biblique de croire en un salut universel. J’ai particulièrement apprécié cette section. Certains des arguments semblent un peu se recouper, mais qu’est-ce que ça fait du bien de réfléchir à ce sujet qui touche à notre salut!
Enfin, il répond aux arguments de ceux qui disent que Jésus est mort pour tous. Cette quatrième partie contient le plus d’exégèse de textes. C’est surtout intéressant de voir son interprétation des textes typiquement arminiens.
Qui devrait lire ce livre?
- Si tu te demandes pour qui Jésus est mort, ce livre est naturellement pour toi.
- Si tu crois que c’est un scandale de dire que Jésus est mort uniquement pour les élus, uniquement pour ses brebis, ce livre est pour toi. La logique de John Owen est implacable. Mais le ton de son livre est chaleureux. Tu verras pourquoi cette doctrine n’est pas une invention humaine. Tu verras en quoi c’est une bonne nouvelle que Jésus est mort uniquement pour son peuple.
- Si tu es évangéliste ou prédicateur, ce livre est pour toi. Il ne prend que quelques heures à lire. Médite-le par petits bouts et délecte-toi du fait qu’en cette doctrine, les promesses de Dieu obtenues par Jésus à la croix sont véritablement et inconditionnellement nôtres!
Quelques remarques personnelles
J’ai trois remarques personnelles et une suggestion pour l’éditeur:
- J’ai particulièrement apprécié que Owen souligne deux aspects de l’œuvre de Jésus. Celle qui est passée est évidente (sa mort à la croix), mais l’œuvre présente me l’était moins, c’est son intercession en notre faveur auprès de son père (cf. cette citation).
- Le livre ne m’a pas convaincu de faire mon “coming out”. J’ai trouvé Owen très convaincant sur le sujet, mais je met cette doctrine dans le même tiroir que le grec et l’hébreu. C’est un dicton anglais bien connu anglais: “les langues bibliques dans la prédication sont comme les sous-vêtements. Ils offrent un soutien nécessaire, mais ne doivent jamais être visibles.”
Je crains qu’en prêchant cette doctrine trop clairement, on risque de créer des problèmes du genre: comment savoir si Jésus a payé pour mes péchés? Plutôt, prêchons comme les apôtres qui appelaient tout le monde à la repentance. Et seulement après, est-ce qu’on découvre que si l’on a cru, c’était parce que Jésus était mort pour tous nos péchés, y compris le péché de l’incrédulité. Mais je suis ouvert à être contredit par mes frères et sœurs qui pensent qu’on doit enseigner clairement ces doctrines du haut de la chair. Les commentaires sont là pour ça!
- J’aurais apprécié que John Owen souligne plus la puissance du sang de Jésus. Il le fait, mais pas assez à mon goût. J’ai noté un seul endroit où il dit: “Nous ne nions pas que la mort de Christ ait constitué une valeur suffisante pour sauver tous les hommes.” (p. 71)
C’est, il me semble, la réaction intuitive de beaucoup quand ils entendent la question “Pour qui Jésus est-il mort?” Ils craignent qu’on veuille diminuer la puissance du sang de Jésus. Mais la thèse d’Owen au contraire, ne fait qu’augmenter l’efficacité de son sang, puisque Jésus sauve véritablement et parfaitement ceux pour qui il a donné sa vie.
Il se répète sur bien d’autres sujets. Mais malheureusement, pas assez sur le fait que la mort de Jésus était assez puissante pour sauver plus de monde, si tel avait été la volonté de Dieu. Le doctrine de la mort
- C’est dommage qu’il n’y ait pas un index des références bibliques citées. Ce serait génial de pouvoir consulter Owen rapidement.
En Bref
Un très bon petit livre de théologie. A lire pour prendre plaisir en l’œuvre accomplie par Jésus pour nous sauver véritablement de nos péchés! Le livre est encore disponible à la CLC.
¹ Oui, je sais que ce livre n’est pas aussi petit dans l’original que dans sa version abrégée. Mais ça sonnait mieux de parler de « petit »!