L’impact du christianisme dans notre culture

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Je m’émerveille de la culture de nos Églises, même si elles ont encore tellement de chemin à parcourir. Il y a des blacks, des blancs, des hommes, des femmes, des chercheurs et des artisans, tous cherchant à vivre selon des valeurs alternatives auxquelles aspire la société. Hauerwas remarque que “l’Église, à l’image de ceux qui sont appelés par Dieu, incarne une alternative sociale qui n’est pas réductible à la logique du monde”.¹

La puissance d’une contre-culture

Combien de fois, des amis opposés à la foi ont été surpris, positivement, par la simplicité de l’unité de notre Église, malgré sa diversité?

Pourquoi les hommes sur le Titanic ont-ils laissé la place aux femmes et aux enfants (contrairement au scénario proposé dans le film de Cameron)? Parce que l’Église avait su inculquer une valeur, celle de la protection des plus faibles… C’est cela, une contre-culture.

Pour ceux qui voudraient voir comment la Bible a influencé indirectement le monde, par son impact, je vous recommande deux ouvrages:

  • Merci la Bible, 11 auteurs racontent comment la Bible a changé le monde par les valeurs qu’elle contient et qui ont orienté l’Église.
  • The Book That Made Your World de Vishal Mangalwadi, qui offre un plébiscite surprenant de la part d’un philosophe indien des contributions de l’Écriture à la société.

Luc Ferry le concède,

Enfin, il y a dans le contenu du christianisme, notamment sur le plan moral, des idées qui, même pour des non-croyants, ont encore aujourd’hui une importance majeure, des idées qui vont, une fois détachées de leurs sources purement religieuses, acquérir une autonomie telle qu’elles vont pouvoir être reprises dans la philosophie moderne, et même par des athées. Par exemple, l’idée que la valeur morale d’un être humain ne dépend pas de ses dons ou de ses talents naturels, mais de l’usage qu’il en fait, de sa liberté et non de sa nature, est une idée que le christianisme va donner à l’humanité et que bien des morales modernes, non chrétiennes voire antichrétiennes, vont malgré tout reprendre à leur compte.2

Tom Holland, analyse la contribution de la foi sur la civilisation et note:

Aujourd’hui, alors même que la croyance en Dieu s’estompe en Occident, les pays qui étaient autrefois collectivement connus sous le nom de chrétienté continuent de porter l’empreinte de la révolution bimillénaire que représente le christianisme. C’est la principale raison pour laquelle, dans l’ensemble, la plupart d’entre nous qui vivons dans des sociétés post-chrétiennes considèrent toujours comme acquis qu’il est plus noble de souffrir que d’infliger des souffrances. C’est la raison pour laquelle nous supposons généralement que chaque vie humaine a une valeur égale. En matière de morale et d’éthique, j’ai appris à accepter le fait que je ne suis pas du tout grec ou romain, mais profondément et fièrement chrétien.3

La puissance des concepts de gouvernance

Le christianisme se fonde sur une saga extraordinaire. Dieu en personne se déplace et devient homme. Enfin, nous voyons à quoi ressemble Dieu! « Celui qui m’a vu a vu le Père », dit Jésus. Non seulement ça, mais ce Dieu Créateur, qui s’humilie au niveau des hommes, meurt pour sauver certains, et il ressuscite pour garantir leur vie éternelle auprès de lui…

Ce Patron de tous les patrons, ce Chef parmi tous les chefs, dit ceci:

C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup.

Matthieu 20.28

La notion de service de la population a influencé bien des pays marqués par l’héritage chrétien, notamment protestant parce que mettant la Bible en avant. Et cela reflète les 3 métaphores principales que l’on trouve d’un responsable ecclésial:

  • Serviteur
  • Berger
  • Administrateur

Ces modèles sont très éloignés de celui du Président Directeur Général!

Par ailleurs, deux professeurs israéliens, Amnon Shapira, Moshe Greenberg, ont comparé le schéma politique des nations païennes avec celles d’Israël (il y a maintenant 3500 ans). Ils concluent que l’on y trouve la semence des fondamentaux d’une démocratie, bien avant Athènes et bien supérieurs aux principes d’Athènes. Certes, c’est toujours dans le contexte d’un monde antique, mais ces professeurs notent 4 éléments révolutionnaires que Moïse introduit dans la Torah:

  • La séparation des pouvoirs. Les nations avaient des rois qui dictaient les lois (législateurs), ils jugeaient le peuple, et souvent étaient les chefs spirituels suprêmes. Dieu édicte la loi (aucun juge, aucun roi, aucun prêtre n’a jamais créé de loi). Il nomme des juges. Le roi doit être issu du peuple, Dt 17.14-20, et c’est un administrateur. Et… l’institution des prophètes se place en dehors des branches officielles. Un propos que note Tom Holland:

Quand il promit qu’il flétrirait “tous les peuples que tu redoutes”, il offrait sa protection un peu comme aurait pu le faire un pharaon s’engageant dans une coalition. Pourtant, le récit de son alliance, même s’il avait été rédigé en des termes familiers aux diplomates proche-orientaux, donnait aux juifs quelque chose de complètement inédit: une législation dictée par Dieu.

Nul besoin de mortels pour cela. Telle était la claire leçon des livres saints Juifs. Même l’huile dont David et Salomon avait été oints en signe d’élection ne leur avait pas apporté ce que Hammourabi et ses héritiers avaient toujours tenu pour acquis à Babylone: le droit de légiférer. La monarchie hébraïque était bien pâle en comparaison de la mésopotamienne.4

  • L’égalité des hommes devant la loi, les rois comme le peuple. Personne n’est au-dessus des lois. Même le roi devait recopier la loi. En Nb 15.15-16, même les réfugiés ont des droits, et sont de même rang.
  • La constitution. La Torah, l’alliance, est incroyable par rapport à l’ensemble des documents des temps anciens. Cette alliance est la clé de tout ce système. Les deux membres de cette alliance sont Dieu et le peuple. Le Dieu Tout-Puissant s’engage lui-même et signe un engagement inchangeable. Nous pouvons briser l’alliance, mais celui qui la propose ne peut pas! Il s’est engagé!
  • La volonté du peuple. Le peuple a un choix et il doit ou non ratifier cette alliance! Dt 28 et Jos 24.15 par exemple.

Bien sûr, ce n’est pas exactement ce que nous aurions comme démocratie (ce sont des lignées familiales qui perpétuent ces institutions). Mais il y a des principes clés qui ont, je le crois, influencé nos pensées occidentales de façon fondamentale.

La puissance de l’initiative d’un Chrétien

  • Henry Dunant et la Croix Rouge.

  • Christian Führer et la réunion de prière berlinoise:

    Christian Führer, pasteur de Berlin, débute un mouvement de prière en 1982, 7 ans avant la chute du mur. Tous les lundis, à 5h, il priait pour la paix, avec 40 bougies… le mouvement de prière grandit. Au point que le gouvernement s’en inquiète. Le 9 octobre 1989, 2000 bougies sont offertes à chaque participant. Ils sortent dans la rue et marchent paisiblement ensemble vers les tanks. Ils offrirent aux soldats ces bougies… chacun déposa ses armes en tenant la bougie. Les tanks se retirèrent. Quelques années plus tard, ce pasteur a dit: “Les officiels est-allemands dirent qu’ils étaient prêts à tout, sauf à des bougies et des prières.” Un mois plus tard, Gorbatchev fit tomber le mur. Aujourd’hui, on crédite la réunification pacifique de l’Allemagne à 2000 personnes qui s’étaient rassemblées avec des bougies, et un cœur de prière.

  • Henri Girard, Wégoubri, un bocage au Sahel.

L’Église est témoin d’une personne, Jésus-Christ, et d’un message salvateur. Ses valeurs doivent d’abord être incarnées dans l’Église et par ricochet, peut-être, dans la société. Mais en tant que conséquence, non comme objectif de son ministère.

En termes d’applications, je vous suggère les alternatives suivantes:

Pour 1 émotion 

Pour 1 déception 

Pour 1 avis 

Pour 1 opinion 

Pour 1 militantisme 

Pour 1 colère

→ 1 prière pour les dirigeants 

→ 1 prière pour le règne de Dieu 

→ 1 réflexion avant de poster 

→ 1 humilité pour les avis différents 

→ 1 attachement à Jésus-Christ 

→ 1 louange pour le règne de Dieu.

En termes de message central. Voici comment se conclut l’analyse de Tom Holland sur l’influence du Christianisme sur l’histoire:

L’identité chrétienne consiste à croire que Dieu s’est fait homme et qu’il a subi une fin atroce. C’est pourquoi la croix, cet ancien instrument de torture, reste ce qu’elle n’a jamais cessé d’être: le symbole par excellence de la révolution chrétienne. C’est son audace, celle de trouver dans un cadavre tordu et vaincu la gloire du Créateur de l’univers, qui explique plus que tout l’étrangeté absolue du christianisme et de la civilisation à laquelle il a donné naissance.

De nos jours, la puissance de cette étrangeté demeure plus vive que jamais. Elle se manifeste aussi bien dans la grande vague de conversions qui a balayé l’Afrique et l’Asie au siècle dernier que dans la conviction de millions et de millions de personnes que l’Esprit, tel un feu vif, souffle encore sur le monde, et jusque dans les principes de millions d’autres qui ne se considèrent nullement comme chrétiens. Tous ont hérité de la même révolution: une révolution au cœur de laquelle gît l’image d’un Dieu mort sur une croix.5

Pour conclure, je vous laisse avec cette notion centrale: un Dieu qui vient lui-même prendre une seconde nature et qui porte notre péché à la croix… puis qui ressuscite. Il libère ainsi du plus lourd des fardeaux, celui de la culpabilité. Il libère de la plus terrible des réalités, celle de la mort.


Florent Varak

Florent Varak est pasteur, auteur de plusieurs livres dont le Manuel du prédicateur, L’Évangile et le citoyen et la ressource d’évangélisation produite en co-édition avec TPSG: La grande histoire de la Bible. Florent est aussi conférencier, et professeur d’homilétique à l’Institut biblique de Genève. Il est le directeur international du développement des Églises au sein de la mission Encompass liée aux Églises Charis France. Il est marié avec Lori et ont trois enfants adultes et mariés, ainsi que cinq petits-enfants. Il détient un M. Div de Master’s Seminary (Californie, USA) et un Master de recherche de la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine.

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D. Angers