Dieu veut-il que tous les hommes soient sauvés?

Doctrine du SalutConnaitre la volonté de Dieu

Recension du livre, Dieu veut-il que tous les hommes soient sauvés? de John Piper.

Cette question est le sous-titre du livre: "Y a-t-il deux volontés en Dieu?" L’objectif de l’ouvrage est de démontrer que la volonté de Dieu ne peut être considérée comme monolithique, mais qu’elle a différentes perspectives.

Résumé du livre

Dans l’introduction, John Piper prévient son lecteur quant à l’aspect ardu et intellectuel de l’ouvrage. Il précise aussi que l’objectif ultime de cette réflexion n’est pas la connaissance (comme finalité), mais l’adoration, la mission et le ministère. La logique peut être formulée ainsi: en connaissant mieux le salut que Dieu offre, nous serons davantage poussés à l’adorer et à le servir (dans la mission et le ministère).

Le premier chapitre précise la question. La Bible présente un paradoxe apparent: Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, mais en même temps, il en élit quelques-uns qui seront effectivement sauvés.

D’un côté, le sauvetage des élus se trouve à de nombreux endroits (ici, John Piper donne une liste de textes en notes de fin de chapitres comprenant Mt 22.14, Jn 6.37, 44, 65, 8.47, 10.26-29, Rm 8.29-30, 9.6-23, 11.5-10, 1Co 1.26-30, Ép 1.4-5, 1Th 1.4, 2Th 2.13 et Jc 2.5). De l’autre côté, la volonté de Dieu de sauver tous les hommes se trouve dans 4 textes essentiels: 1 Timothée 2.1-4, 2 Pierre 3.8-9, Ézéchiel 18.23, 32 et Matthieu 23.37.

Comment comprendre ce paradoxe apparent? Les théologiens du passé l’ont résolu en identifiant chez Dieu deux aspects différents (mais non incompatibles) de sa volonté. La question est donc de savoir si cette distinction est une invention humaine ou si Dieu se présente bel et bien ainsi dans sa Parole.

Au chapitre deux, John Piper donne cinq exemples bibliques où l’on peut voir deux facettes de la volonté de Dieu. Le premier exemple (et le plus important) se trouve dans le fait que Dieu a voulu la trahison de Judas. Il est évident que la trahison de Judas est un péché, pourtant cette trahison faisait partie du plan de salut de Dieu. Il est donc clair que d’un côté Dieu ne voulait pas cela puisqu’il s’agissait d’un péché. Mais de l’autre côté, il l’a voulu pour que son plan se réalise. Les autres exemples suivent la même logique: le combat final annoncé dans le livre de l’Apocalypse est à la fois un signe d’opposition à Dieu et conforme à la volonté de Dieu. Le fait que Dieu intervienne pour endurcir certains hommes afin que son plan se réalise. Parfois Dieu décide de mettre un terme au mal, alors que d’autres fois, il choisit de ne pas le faire.

Finalement, Dieu, prend plaisir en jugeant les méchants et il n’y prend pas plaisir à la fois. Tous ces exemples mènent à une conclusion: La volonté de Dieu a deux aspects différents. Cela nous semble parfois contradictoire, voir schizophrène, mais la suite du livre nous aide à mieux comprendre en quoi Dieu ne se contredit jamais.

Si le but du chapitre 2 était de montrer que la volonté de Dieu a plusieurs aspects, le chapitre 3 essaie de décrire ces deux aspects. Le premier constat à dresser est l’absolue souveraineté de Dieu. Dans le cadre de cette souveraineté, l’apôtre Pierre qualifie deux choses différentes de "volonté de Dieu".

En 1 Pierre 2.15 et 4.2, il montre la volonté morale de Dieu alors qu’en 1 Pierre 3.17 et 4.19, il parle de sa volonté souveraine. Ce double aspect a poussé les chrétiens de tout temps à se soumettre à la volonté de Dieu et à placer leur confiance en cette volonté, même lorsqu’ils ne parviennent pas à la comprendre. John Piper conclut:

La volonté de Dieu est présentée certaines fois comme l’expression de ses normes morales appliquées aux comportements humains et d’autre fois comme son contrôle souverain, même sur des actions qui s’opposent à ses propres normes.

Le quatrième et dernier chapitre essaie de comprendre ce que signifient ces deux aspects de la volonté de Dieu. Si la volonté de Dieu a bien deux aspects, la réponse à la question première du livre est donc "oui" et "non". Oui, il veut que tous soient sauvés, mais non, tous ne le sont pas. Mais cela pose la question du "pourquoi". Pourquoi certains sont sauvés et pas d’autres? Quel est le facteur, supérieur au salut, qui détermine ceux qui sont sauvés de ceux qui ne le sont pas? C’est sur cette question du "pourquoi" qu’arminiens et calvinistes ne sont pas d’accord.

Les arminiens disent que le salut est soumis à l’autodétermination de l’homme (dans ce cas, l’autodétermination est ce qui prime). Alors que les calvinistes disent que c’est dans la gloire de Dieu que se trouve le facteur déterminant. Dieu manifeste sa gloire dans sa colère ainsi que dans sa miséricorde. Ce qui nous dérange, avec la gloire, c’est qu’elle est mystérieuse et hors de nous. Mystérieuse, car nous ne comprenons pas bien la gloire de Dieu: “Comment fonctionne-t-elle? Comment augmente-t-elle? Pourquoi Dieu la désire-t-elle?”

La Bible donne des éléments de réponse à ces questions, mais nous les comprenons très mal, car nous ne sommes pas Dieu. De plus, si le facteur est la gloire, ce facteur est hors de nous. Cela nous dérange, car nous préférons être aux commandes. À partir de cette distinction, John Piper revient sur le texte le plus problématique: 1 Timothée 2.4.

Ce texte est souvent utilisé par les arminiens. Mais il n’est pas nécessaire d’y voir un argument en faveur de l’autodétermination. En réalité, ce verset ne nous permet pas d’incliner d’un côté ou de l’autre. Pour répondre à la question du"pourquoi", il faut mener une réflexion d’ensemble sur les données bibliques.

Cette réflexion montre que la volonté de Dieu peut être comprise comme étant à deux niveaux: à un niveau "grand angle" ou à un niveau "étroit".

Parfois, nous savons qu’un comportement précis est opposé à la volonté de Dieu, mais cela entre dans son grand plan d’ensemble (qui, la plupart du temps, nous échappe). Cela signifie que Dieu peut à la fois avoir compassion pour les non-élus, tout en les condamnant à cause de sa gloire. Dieu n’est ni illogique, ni changeant, ni schizophrène, il nous dépasse.

Mon avis sur le livre

John Piper s’attaque à une question difficile dans ce livre. Il le fait sans fioritures. Mais il le fait avec bienveillance. Le livre est bref, mais non simpliste. Si vous voulez vous y attaquer, prévoyez un Stabilo et un bloc-notes, car l’argumentaire est quelques fois profond et il vous faudra prendre le temps d’intégrer les idées avant de bien les comprendre.

J’ai surtout apprécié la clarté de l’argumentaire de ce livre. John Piper ne force pas les arguments. Il ne prend pas de raccourcis. Il explique bien les liens de cause à effet. Bref, j’ai trouvé le livre convaincant.

Finalement, j’ai apprécié l’accent doxologique et pratique que John Piper donne. Il insiste, à plusieurs reprises, sur le fait qu’il ne s’agit pas seulement d’un point de théologie ardu et incompréhensible. Mais il nous encourage en disant qu’une meilleure compréhension de la volonté de Dieu devrait nous pousser à l’adorer davantage tout en nous poussant vers la mission et le service.

Jonathan Meyer

Jonathan Meyer est pasteur à l’Église de l’Action Biblique de la Servette à Genève. Il est marié et père de 4 enfants. Passionné par la lecture de la Parole, Jonathan a créé un plan de lecture de la Bible en 3 ans à suivre avec son Église locale.

Ressources similaires

webinaire

Comment trouver la volonté de Dieu?

Ce replay du webinaire de John Glass a été enregistré le 2 novembre 2017.

Orateurs

J. Glass