La colère divine est un sujet théologique très controversé. Alors que la majeure partie de l'humanité reconnaît l'existence de Dieu, et que la plupart discernent facilement sa grâce, sa miséricorde et sa bonté, rares sont ceux qui acceptent sa colère. Pourtant, la colère est un thème récurrent dans la Bible et une caractéristique déterminante du Dieu qui y est décrit. Notre mauvaise compréhension de sa colère déforme l’image que nous nous faisons de Dieu. Voici deux préjugés très répandus à ce sujet.
Trop de gens assimilent la colère de Dieu à la colère humaine, elle-même souvent arbitraire et brutale. Mais la colère divine est celle d'un Dieu qui juge et elle se manifeste toujours de manière mesurée, juste et en toute impartialité.
J.I. Packer écrit:
Ce qui ressort clairement du texte biblique […] concernant les tourments de ceux qui subissent la pleine colère de Dieu, est que chacun reçoit exactement ce qu'il mérite. Paul affirme que “le jour de la colère de Dieu” est aussi le jour où “il révélera son juste jugement” et “traitera chacun conformément à ses actes (Romains 2.5 et suivants).
J.I. Packer, Knowing God.
Notre système pénal inflige des peines proportionnelles aux crimes commis. De la même manière, Jésus enseigne que Dieu rétribuera chacun en fonction de son attitude et de ce qu’il aura commis (voir Lc 12.47 et suivants).
C'est pour cela que la colère de Dieu est si redoutable. Personne ne souffrira plus que ce qu'il mérite, mais ce qu'il mérite est indiciblement terrible.
Si l’on se demande si la désobéissance envers notre Créateur mérite vraiment un châtiment terrible, quiconque se reconnaît comme pécheur sait, sans l'ombre d'un doute, que la réponse est "oui". Il sait aussi que ceux qui n'ont pas encore pris conscience du "poids du péché", selon l’expression d’Anselme, peuvent difficilement donner leur avis.
Dieu sera le seul Juge et il jugera avec équité.
Selon cette opinion, Dieu enverrait en enfer des personnes qui, si elles avaient eu le choix ou une bonne compréhension, auraient choisi la voie de Dieu. Mais…
Dans la Bible, la colère de Dieu est une situation que les gens choisissent en toute conscience. Avant d'être une malédiction infligée par Dieu, l'enfer est un état d'esprit dans lequel on choisit soi-même de s'enfermer. On se détourne de la lumière que Dieu fait briller dans le cœur de l'homme pour le conduire à lui. Le jugement décisif sur toute personne perdue est le jugement qu'elle s'inflige elle-même en rejetant la lumière qui lui est offerte en Jésus-Christ.
Finalement, l'action en justice que mène Dieu à l'égard de l'incroyant, que ce soit sur terre ou dans l'au-delà, s'applique à lui montrer et à lui faire comprendre toutes les implications de son choix.
Packer poursuit:
Personne n'est sous la colère de Dieu si ce n’est ceux qui choisissent de l'être. Dieu agit dans sa colère en infligeant aux gens ce que leurs choix impliquent, rien de plus, mais rien de moins non plus. Que Dieu soit disposé, à ce point, à respecter le libre-arbitre de l'homme peut paraître déconcertant et même terrifiant. Mais, de toute évidence, son attitude est ici éminemment juste. Elle est aux antipodes de ce que nous appelons couramment la cruauté, c’est-à-dire tourmenter quelqu’un dans des souffrances arbitraires et irrationnelles.
Il ajoute ensuite cette phrase mémorable:
Dans le cas présent, Dieu ne fait que ratifier et confirmer les jugements que ceux qu'il "sonde" ont déjà prononcés sur eux-mêmes en fonction de leurs choix.
Dieu n'est pas cruel dans sa colère. Il n'est pas arbitraire. Sa colère ne frappera jamais ceux dans l’ignorance ou les innocents. En fait, il répandra de manière équitable sa colère sur ceux qui ont choisi de l'affronter.