Memento Mori

Génération Smartphone: comment maitriser notre smartphone sans qu'il nous maitrise?

Vie chrétienneCulture et arts

Nous n’avons pas d’autorisation de votre part pour l’utilisation de services tiers (YouTube, Spotify, SoundCloud, ConvertKit, …) depuis toutpoursagloire.com. Cette autorisation est nécessaire pour une expérience complète sur notre site. Vous pouvez les accepter en appuyant sur le bouton ci-dessous

Accepter

Publié le

16 avr. 2018

Dans ce nouvel épisode de Memento Mori, Raph et Matt parlent d’un de leurs livres préférés: Génération Smartphone.

Thématique

Dans cet épisode, Raph et Matt répondent aux questions suivantes:

  • Quel était ton rapport avec ton smartphone avant la lecture du livre?
  • Quelles sont les 2 ou 3 idées que tu retiens du livre?
  • Quelles sont les décisions radicales que tu as mises en oeuvre depuis la lecture?
  • Comment peut-on encourager l’Église à faire très attention à l’utilisation du smartphone et des écrans en général?

Synthèse MM #3

Ce travail de synthèse est fait par un auditeur attentionné. Il ne retranscrit pas les propos exacts de l’épisode, mais vise à présenter le contenu.

Introduction

On va parler d’un livre, Génération smartphone, écrit par Tony Reinke qui tient le blog desiringgod.org (site du ministère de John Piper). C’est lui qui donne la parole à Piper dans les podcasts Ask Pastor John qui a notamment inspiré les podcasts Un Pasteur Vous Répond du blog ToutPourSaGloire.com.

C’est lors d’un congrès de Pâques à l’Institut Biblique de Genève où Matt devait faire un atelier sur le rapport aux écrans, qu’il a récupéré ce livre pour le lire.

Rares sont les livres qui ont autant d’impact concret sur notre pratique.

Quel était ton rapport avec ton smartphone avant la lecture du livre?

Matt: Au moment de la lecture de ce livre, je réfléchissais sur le temps que prenait la technologie. Le 1er Avril dernier (2018), j’ai fermé mon compte Facebook parce que j’avais trop de travail et c’était une distraction. Depuis, je ne l’ai jamais rouvert. C’était un moment particulier où j’étais plus conscient de mon rapport aux technologies.

Raph: Il y a un engouement de plus en plus fort avec les technologies, mais avec un manque de discernement. On a encore très peu de recul pour en mesurer l’impact. L’internet et le smartphone sont une sorte de troisième révolution industrielle. J’aime beaucoup les nouvelles technologies. Les opportunités que cela ouvre sont justes extraordinaires. J’étais séduit par cela mais j’avais ce problème de contrôle. Et face à l’augmentation des responsabilités et aussi à un désir de fuir la distraction permanente, j’avais fermé Facebook depuis plusieurs années. Pour le smartphone, c’était un peu pareil. Je ne souhaitais pas être quelqu’un qui est toujours sur son téléphone. En lisant le livre, j’ai cru par orgueil que je n’allais pas apprendre beaucoup de choses. Mais j’ai été très surpris.

Ce livre est très fin. Il ne s’agit pas d’un livre dont la théorie est déconnectée de l’usage. Tony Reinke est très informé de la manière dont fonctionnent les technologies. Il ne parle pas des réseaux sociaux de manière générale mais plutôt des applications en particulier. Chaque application a un usage particulier et une visée particulière. Il est assez fin à la fois dans son analyse et dans sa manière de le connecter à la Bible. C’est presque une opération chirurgicale, où il incise précisément les petits éléments pour en tirer les leçons.

Il a également une vraie réflexion théologique et pas seulement éthique. Son rapport aux technologies est importante car il ne travaille qu’avec le digital, internet, les réseaux sociaux et les smartphones. Les ressources de desiringgod.org se trouvent essentiellement sur internet et les réseaux sociaux. Il partage lui-même son combat, et ce livre est le fruit de ses réflexions. Par ailleurs, il s’est énormément documenté auprès de professionnels pour la rédaction de ce livre. Il ne cite pas que des études mais aussi des articles dans des grands journaux d’opinions ou de recherche. C’est un livre très pertinent car l’usage des smartphones est un phénomène de société. On se pose beaucoup de questions par rapport à cela, on ne sait pas poser les limites et on a parfois des réactions excessives. L’auteur pose les bonnes questions qui permettent de changer les usages.

Quelles sont les 2 ou 3 idées que tu retiens du livre?

Raph: Un premier point est la question de notre addiction à la distraction. On est, dans notre nature déchue, attiré par la distraction parce qu’elle nous garde loin de Dieu et permet que l’on fasse des choses qui ne sont pas profondes et importantes pour notre âme. Elle nous empêche de travailler sur nous-même et de nous remettre en question, de penser à Dieu, à l’éternité. Elle nous enferme dans un monde de superficialité, d’immédiateté et de satisfaction instantanée.

Le deuxième point concerne la question de l’approbation immédiate. Les smartphones révèlent notre besoin d’être approuvé, notamment avec la fréquence de nos visites sur Facebook, après que l’on ait posté quelque chose, afin de voir si on a commenté, liké,…

Un troisième point concerne la sagesse. Il ne s’agit pas de se dire ce que je peux faire, mais ce que je dois faire. Utiliser son téléphone pour ce que l’on doit faire et non ce qu’il permet de faire.

Matt: Deux questions m’ont remué. Il s’agit premièrement du rapport au présent. On souhaite être tout seul en public et jamais seul en privé. Avec cette question, on se rend compte qu’avec l’avènement des réseaux sociaux, on se rapproche de personnes qui sont éloignées géographiquement mais qui nous ressemblent, et on s’éloigne de personnes qui sont proches géographiquement mais qui ne nous ressemblent pas. En replaçant cela dans la réflexion de la communauté et de l’Église locale, cela est très pertinent.

Deuxièmement, il s’agit de se poser la question: comment mon usage de ce service contribue ou m’empêche d’aimer mon prochain? On se pose rarement la question: que va me coûter, dans ma relation avec Dieu ou dans ma relation avec les autres, l’utilisation de telle ou telle technologie?

L’auteur compare la consommation et l’utilisation de ces nouvelles technologies, et il dit que cette consommation de réseaux sociaux et de technologies est du « junk food » pour l’esprit. On consomme de la mauvaise qualité et on oublie de consommer des choses qui nous font grandir. La distraction nous aveugle et on ne se rend pas compte que l’on est distrait.

Quelles sont les décisions radicales que tu as mises en oeuvre depuis la lecture?

Matt: Cela m’a encouragé à être radical et à reconnaître qu’il n’y a pas de neutralité. Il ne s’agit pas d’un outil que l’on peut utiliser en bien ou en mal, mais l’outil est conçu à la base d’une certaine manière pour provoquer des comportements. La question est de savoir si l’on peut « apprivoiser » la technologie pour minimiser les effets secondaires négatifs. Mais parfois les désagréments sont tellement grands que je ne veux pas perdre mon énergie car ce n’est pas adapté ou alors je n’en ai pas vraiment besoin.

Par exemple, j’ai changé de téléphone et je n’ai pas mis mes mails sur mon téléphone. Tristan Harris, qui était conseiller pour Google, pose la question dans un article qu’il a écrit: « Qu’est-ce qui mérite vraiment mon attention? » J’ai par exemple enlevé toutes les notifications de mes applications smartphone. Je ne souhaite pas appuyer juste par mécanisme sur une application parce qu’elle est dans mon écran d’accueil. Il pourrait être bien de mettre sur l’écran d’accueil uniquement les applications que l’on utilise vraiment. Une autre action à faire est d’enlever les applications qui ont un « scroll infini » car elles sont conçues pour que l’on ait envie d’aller jusqu’au bout.

Raph: J’ai enlevé toutes les applications qui me servaient uniquement de distractions. Toutes mes applications ne tiennent que sur une page. J’ai également enlevé le navigateur internet. Je n’ai pas l’autorisation d’installer des applications, je n’ai pas le contrôle de mon téléphone, c’est quelqu’un d’autre qui l’a. Je n’ai également pas la possibilité d’installer d’autres applications. Ainsi je ne fais que ce que je dois faire. Dernière chose: quand je rentre, je pose le smartphone quelque part chez moi et je ne le garde pas sur moi.

On peut avoir l’impression que l’on va se priver de quelque chose, mais en réalité on gagne énormément. On gagne de la liberté, de l’autonomie, de la réflexion, du temps de qualité avec les autres.

Un autre exemple est d’acheter une montre pour ne pas avoir à regarder l’heure sur son téléphone et à regarder en même temps d’autres choses parce que l’on est conditionné à le faire.

Comment peut-on encourager l’Église à faire très attention à l’utilisation du smartphone et des écrans en général?

Encourager les membres de l’Église à lire ce livre, notamment les jeunes et leurs parents. On peut par exemple acheter un pack de plusieurs livres et les distribuer dans l’église.

Merci à Victor Hui pour son travail de synthèse.

Pour aller plus loin

Dans cet épisode on a parlé:

Retrouvez le podcast sur Itunes, Youtube et Stitcher