Enseigner la Bible dans différents contextes

HerméneutiquePrédication et enseignement

Au début de cette année, ma collègue chez SOLA Debbie et moi-même avons eu le privilège de participer à un séminaire pour femmes de 8 semaines avec TGC USA sur la manière d'enseigner la Bible. Notre principal objectif était de glaner des leçons pédagogiques auprès de certaines enseignantes bibliques les plus douées et les plus expérimentées du réseau TGC. Étant donné que SOLA propose son propre séminaire de 6 semaines sur l'enseignement de la Bible, cela semblait être un investissement de temps et d'énergie qui en valait la peine.

La sagesse que nous avons apprise est bien plus grande que ce que je peux couvrir dans un seul article. Une session qui m’a particulièrement marquée est celle de Jen Wilkin, intitulée « Comment enseigner la Bible dans différents contextes ». J’aimerais donc vous faire part de quelques-unes de ses idées les plus utiles, accompagnées de mes propres réflexions.

Tenez compte de votre public

Que nous enseignions à un groupe de cinq personnes dans notre salon ou à 50 personnes lors d’une réunion plus importante, nous devons respecter le temps des gens en commençant et en terminant à l’heure. C’est la première façon d’établir la crédibilité. 

Au-delà de cette considération pratique, nous nous adresserons à un groupe de cinq personnes de manière beaucoup plus organique et interactive qu’à un groupe de 50 personnes. Mais même avec un groupe plus important, nous voulons adopter une approche conversationnelle. Dans la mesure du possible, créer un espace pour qu’un grand groupe puisse se diviser en petits groupes permettra de consacrer le temps nécessaire à la discussion. La taille du groupe influencera également le type de questions que nous poserons, car les questions à réponses longues sont plus difficiles à inclure dans un message destiné à un public plus large. 

Donner la priorité à l’étude biblique

Lorsqu’il s’agit du but de la réunion, il faut que nos intentions soient claires. Nous nous réunissons pour étudier la Bible. Si les participants s’attendent à une méditation de 15 minutes suivie de 45 minutes de collations et de plaisanteries, ils risquent d’être déçus de découvrir que vous vous êtes préparés à un scénario inverse dans la répartition de votre temps. 

En ce qui concerne la prière, cela peut sembler impie, mais le partage des requêtes de prière peut prendre le pas sur le temps qui devrait être consacré à la Parole de Dieu. Plutôt que de prévoir un temps de partage, envisagez de distribuer des cartes sur lesquelles vous pourrez noter une requête de prière. Demandez ensuite à chaque personne présente de prier chez elle cette semaine-là pour la personne qui se trouve à sa gauche. 

Adopter un style d’enseignement interactif

Je dois admettre que ce point est un défi pour moi. La plupart des formations que j’ai reçues à la faculté de théologie et au-delà se sont concentrées sur l’enseignement magistral. Pourtant, des études montrent que plus l’environnement d’apprentissage est passif, plus la rétention est faible. Jen nous a donc mises au défi de considérer l’enseignement comme une expérience dialogique, que nous enseignions à 5, 50 ou même 5000 personnes.

L’enseignement dialogique crée un environnement d’apprentissage actif. La façon d’y parvenir dans un cadre plus large est d’imaginer la manière dont vous enseigneriez la même leçon, assis dans votre salon. Bien que vous ne puissiez pas interagir avec un grand groupe de la même manière qu’avec un petit groupe, vous pouvez toujours faire participer votre auditoire en lui posant des questions tirées du texte. Par exemple: « Quel est le prochain verbe que nous voyons dans ce passage? Où l’avons-nous déjà vu? » Ces questions à réponse courte permettent aux auditeurs de participer, quelle que soit la taille du groupe.

Poser de bonnes questions

On ne saurait surestimer l’importance de poser de bonnes questions. Cela ne va pas de soi, ni pour l’enseignant de la Bible, ni pour l’étudiant. En tant qu’enseignants, nous devons aiguiser cette compétence en développant notre curiosité. Nous nous améliorerons également dans ce domaine en nous mettant à la place de nos étudiants et en anticipant les types de questions qu’ils poseront, les objections qu’ils soulèveront et les pistes qu’ils seront tentés d’emprunter. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons former nos auditeurs à poser les bonnes questions, qu’ils poseront ensuite au texte lorsqu’ils étudieront la Bible pour eux-mêmes. L’objectif n’est pas de fournir simplement les bonnes réponses, mais de développer la discipline d’aborder le texte avec curiosité.

Nos questions se répartissent en trois catégories: l’observation, que certains pourraient considérer comme ennuyeuse et évidente; l’interprétation, que certains pourraient considérer comme votre travail de répondre pour eux; et l’application, à laquelle certains pourraient s’intéresser prématurément si on ne leur a pas enseigné correctement.

Éviter les questions problématiques

Les questions problématiques peuvent appartenir à l’une des catégories suivantes. Tout d’abord, poser des questions auxquelles on peut répondre par oui ou par non ne stimule généralement pas la réflexion de nos auditeurs. De même, la réponse à certaines questions peut être si évidente qu’il semble inutile de la poser. Si la réponse à la plupart de nos questions est « Dieu » ou « Jésus », nous devrions peut-être envisager de composer de meilleures questions. En revanche, si la répétition du nom de Dieu est significative, ce serait une bonne raison de demander: « Pourquoi pensez-vous que ce mot apparaît si souvent dans notre passage? » 

Troisièmement, nous devons éviter de poser des questions dont l’étudiant ne connaîtrait pas raisonnablement la réponse, comme par exemple la nuance de l’utilisation par Paul de la voix moyenne aoriste. Enfin, Wilkin suggère d’éviter les questions qui obligent nos auditeurs à divulguer des informations trop personnelles. Une façon de faciliter cela est de poser moins de questions sur moi/maintenant et plus de questions sur nous/dans tous les temps (l’Église à travers les âges).

Conseils utiles pour poser de bonnes questions

Faire en sorte que le brise-glace serve un double objectif

De peur que nous ne soyons découragés par toutes les mauvaises façons de poser des questions énumérées ci-dessus, Wilkin propose quelques façons utiles de poser des questions. La première consiste à se servir de questions brise-glace pour préparer les auditeurs à l’étude de la Parole. J’ai été heureuse de découvrir cette méthode récemment, alors que j’étais chargée de briser la glace lors du petit-déjeuner des femmes de notre église, juste avant que mon amie Martha n’enseigne sur la tentation de Christ.

Plutôt que de jouer à un jeu sans rapport avec le sujet pour permettre aux femmes de se connaître, j’ai demandé à toutes les femmes de se lever et à chacune de s’asseoir si elle avait déjà été tentée de la manière suivante: excès de vitesse sur le chemin de l’église, mensonge à une amie qui lui demandait si elle était belle dans une nouvelle tenue, etc. 

Poser des questions qui nécessitent plusieurs réponses

Attirez l’attention de vos auditeurs en posant des questions pour lesquelles plusieurs réponses sont possibles. Par exemple, plutôt que de demander: « Croyons-nous que Dieu est sage? », posez la question suivante: « Où, dans la Bible, voyons-nous des exemples clairs de la sagesse de Dieu? » 

Se préparer aux mauvaises réponses

Comment réagir lorsqu’un étudiant donne une réponse erronée? Wilkin suggère de se tourner vers quelqu’un d’autre dans le groupe et de demander: « C’est intéressant. Qu’en penses-tu, Evelyne? » Le fait d’impliquer d’autres participants amènera probablement un autre élève à répondre correctement, et l’enseignant pourra alors dire: « Bien! Je pense que vous êtes sur la bonne voie. »

Affronter les questions difficiles

Certains passages de l’Écriture soulèveront naturellement des questions épineuses de la part de nos auditeurs. Par exemple, lorsque j’ai enseigné les Psaumes, j’ai dû me battre pour savoir ce que nous, croyants de la Nouvelle Alliance, devions faire des psaumes imprécatoires. Nous pouvons souhaiter éviter ces questions difficiles, mais nous devons à nos auditeurs d’étudier les Écritures suffisamment bien pour y répondre avec l’aide de l’Esprit. 

Varier les questions d’application

En tant que femme mariée avec des enfants, la chose la plus naturelle au monde pour moi serait de penser à la manière dont un texte s’applique à d’autres femmes dans ma situation. Cependant, plutôt que de parler en termes d’époux et d’enfants, un enseignant avisé demandera: « Comment la vérité de ce passage affecte-t-elle nos relations principales? Si je prenais au sérieux l’exemple d’humilité du Christ, quelle personne dans ma vie bénéficierait le plus de la mise en pratique de son exemple? » 

En outre, la plupart d’entre nous, enseignants de la Bible, avons des sujets d’application sur lesquels nous revenons souvent. Mais nous devons nous discipliner à varier les façons dont nous appliquons la Parole à nos auditeurs. Une façon de le faire est de penser en termes de cercles concentriques: comment puis-je mettre en pratique cette vérité dans mon foyer, mon Église, mon lieu de travail, ma communauté et ma nation? Une autre façon est de se demander comment cette vérité change ma façon de penser, de parler ou d’agir.

Angie Velasquez Thornton

En équipe avec son mari Daniel, Angie a servi le Seigneur au Sénégal pendant 10 ans, dans la formation des leaders. Installés à Montréal avec leurs 2 filles depuis août 2017, ils servent à l'Église Baptiste Évangélique Emmanuel et dans l'AEBEQ. Angie est titulaire d'un MDiv de Moody Theological Seminary. Depuis mai 2021, elle coanime le podcast Chrétienne, avec Aurélie Bricaud. Elle est également Responsable du ministère féminin de SOLA (TGC Québec) et blogueuse sur le site The Gospel Coalition Canada.

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webinaire

Comment prêcher Christ à partir de l’Ancien Testament?

Ce replay du webinaire Dominique Angers a été enregistré le 20 novembre 2019.

Orateurs

D. Angers